Petite Histoire Intérieure Américaine
Par Us Go Home !
(http://usgohome.free.fr/histoire_usa.htm)
Quelques dates ponctuent l'Histoire Intérieure des Etats-Unis, illustrent le fond commun inter-générationnel partagé par la population et éclairent les fondements culturels et psychologiques de la majorité des citoyens américains: l' American Way of Life. Ces dates et événements révèlent un processus intéressant soulignant deux réflexes. D’une part le manque de capacité de la société américaine à remettre en question son modèle social. Si ce dernier chavire, la cause en vient obligatoirement d’un élément exogène incompatible avec les standards de "l’american way of life." D’autre part, une tendance à systématiquement rapprocher une menace intérieure à une crainte extérieure, cette dernière interprétée comme l'inspiratrice et le soutien de la première. Il s’agit donc de légitimer une répression qui, objectivement manque de justifications. L’étranger ou l’inconnu fait traditionnellement peur aux américains. Il déclenche une vague de rejet qui se traduit par une volonté d’extermination de ce qui est perçu comme l’expression du Mal. Cette histoire sera "enrichie" de vos propres contributions 30 000 ans avant notre ère - Premières traces d'occupation du territoire américain par des humains asiatiques - ancêtres des Indiens - venu vraisemblablement par le Détroit de Béring. Avec les siècles, les Indiens apprirent à respecter la nature et à vivre en harmonie avec elle. Malgré des débuts "prometteurs", les indiens furent pourtant confrontés à un important retard technologique. La raison en est simple : l'Amérique était isolé du reste du monde ce qui empêcha les "échanges technologiques". L'Amérique du Nord comptait 300 langues différentes, divisées en 2000 dialectes. Ces langues étaient divisées en 57 familles linguistique, et à ce titre la Californie était à elle seule plus hétérogène que l'Europe. Lorsque les premiers colons "étrangers" arrivèrent, les indiens furent accueillants. Comme exemple, citons que ce sont les indiens qui ont aidé certaines colonies à survivre en leur apprenant la chasse, la culture. Les indiens permirent aux nouveaux colons de s'installer sur leur territoire - bien que pour eux, la notion de propriété n'existait pas. Vouloir acheter la terre n'avait aucun sens pour les Indiens. Eux qui considéraient la terre comme la Terre Nourricière ("Notre Mère Terre"). Avec le temps, les colons étrangers se multiplièrent et les indiens furent repoussés toujours plus loin de chez eux, toujours plus loin de leur territoire. Malgré la création de traités laissant aux indiens le droit d'habiter "sur leur terre", les nouveaux colons ne les respectèrent pas... Les indiens n'étaient pas stupides, ils comprirent vite la situation et c'est ainsi que débuta les fameuses "Guerres Indiennes". 1492-1540 - Conquêtes européennes des territoires. Christophe Colomb au terme d'un troisième voyage pour le compte d'Isabelle la Catholique, souveraine d'Espagne, débarque sur le continent américain - Le Nouveau Monde. Pensant arriver en Inde il nomme "Indiens" les premiers aborigènes qu'il rencontre. Les Portugais conquièrent en 1500 la côte brésilienne de l'Amérique, Cortès vainc l'empire aztèque en 1521, Pizzaro installe l'Espagne au Pérou en 1531 et au Chili en 1540. Cartier installe la France en Amérique du nord à Terre-Neuve et en Nouvelle-France (1534-1541). C'est une véritable hécatombe humaine, une succession de massacres de populations autochtonnes, la conquête. La population indienne disséminée est remplacée par une main-d'oeuvre noire. C'est le début de la traite. 1581- Début de l'esclavage en Amérique. Recensement des premiers esclaves. 1620 - Conquête anglaise de la Nouvelle-Angletterre 1661 - Legislation de l'esclavage dans les colonies américaines. 1664 - Les Anglais s'emparent de New Amsterdam (à Manhattan) crée par les Hollandais (rebaptisée plus tard en New-York). La cohabitation entre les Indiens et les nouveaux colons qui leur prennent leur territoire de vie, de chasse et les repoussent sur le continent devient de plus en plus chaotique. En Nouvelle-Angleterre, un chef indien du nom de "Roi Philippe'' - qui regroupent plusieurs tribus - , décide de lutter contre "l'ennemi envahisseur". Suite à cette "guérilla", 1/6ème de la population blanche disparaît. Mais il en faut plus pour satisfaire la soif de conquête des colons anglais qui résistent envers et contre tout. Les Espagnols (au Sud) sont chassés par les Pueblos (Indiens). 1692 - Salem dans le Massachusetts, 19 personnes convaincues de sorcellerie sont pendues et 150 emprisonnées pour les mêmes raisons avant d’être relaxées ou graciées. La chasse aux sorcières apparaît alors que la colonie traverse des difficultés de gestion et n’arrive pas à maintenir son autonomie vis-à-vis de la métropole britannique. 1763 - Au terme d'une guerre opposant les Français aux Anglais qui dure sept années pour la possession de l'Amérique du Nord, le Traité de Paris consacre la suprématie de la couronne anglaise sur la France. C'est la conquête de l'Ouest. 1776 - Le Congrès proclame l'Indépendance des Etats-Unis au terme d'une rébellion des nouveaux Américains contre les Britanniques qui crée de nombreux impôts visant à renflouer leur fonds. La guerre d'indépendance commence réellement en 1770, à Boston lorsque les nouveaux colons s'organisent. En 1775. le Congrès se réunit à Philadelphie pour créer la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis dont Thomas Jefferson est le rédacteur. A cette époque Georges Washington prend le commandement des colonies insurgées qui remportent quelques victoires. Le corps expéditionnaire français (dirigé par Rochambeau) vient leur prêter main forte. 1789 - Georges Washington devient le 1er Président des Etats-Unis 1798 - Les Français sont voués aux gémonies. La révolution ne plait guère aux autorités américaines qui votent un ensemble de lois connues sous le nom d’"Alien and Sedition Acts" permettant notamment au président des Etats-Unis de décréter l’emprisonnement ou la déportation de tout étranger "dangereux pour la paix et la sécurité des Etats-Unis ou dont on peut raisonnablement soupçonner qu’il est impliqué dans des machinations secrètes ou qui constituent une trahison contre le gouvernement des Etats-Unis." 1803 - Les Etats-Unis achète la Louisiane à Napoléon. A ce stade, les Etats-Unis possède un territoire allant des Montagnes Rocheuses à la vallée du Mississippi pour la longueur, et du Canada au Mexique pour la largeur. Suite à cela, les E-U double leur superficie. Petit à petit, et suite à la guerre entre Napoléon et l'Angleterre, la situation devient de plus en plus tendue en Amérique. Les nouveaux américains rendent responsable l'Angleterre (ancien colonisateur) de la révolte indienne naissante, dirigé par Tecumseh. 1816 - James Monroe devient 5ème président des Etats-Unis et y reste le temps d'effectuer deux mandats. pendant lesquel il crée le Libéria en Afrique visant à l'accueil des esclaves américains libérés. La "doctrine de Monroe présente les idées de ce dernier à propos de sa politique étrangère qui perdurera jusqu'à la Première Guerre Mondiale... 1819 - Les Etats-Unis achète la Floride aux Espagnols. 1820 - Missouri. Pour maintenir l'Union, les dirigeants politiques des partis démocrate et whig éludent la question de l'esclavage. Mais, l'opposition de plus en plus forte des "abolitionnistes", face à l'extension de l'esclavage dans les nouveaux territoires, conduit à un compromis: dans le territoire de la Louisiane, nouvellement acquis, l'esclavage est autorisé au sud d'une ligne correspondant au 36°30’ de latitude nord et interdit au nord de cette ligne. Il y a désormais 22 états à l'intérieur de l'Union : onze états pratiquent l'esclavage et onze l'ont abolit, au moins dans les textes. Le déséquilibre s'accentue au moment où l'industrialisation du Nord fait contraste avec la monoculture du Sud. 1838 - Exil du peuple Indien . Les Cherokees sont forcé de quitter la Géorgie pour l'Oklahoma. Cet exil est appelé "la piste des larmes" 1846 - Les Etats-Unis même la guerre contre le Mexique et annexe le Texas, le Nouveau-Mexique et la Californie. 1850-1854 - Le Nouveau compromis de 1850 prévoit l'admission de la Californie au titre d'État libre, c'est-à-dire sans esclaves. Cette admission est compensée par l'organisation de deux nouveaux territoires, l'Utah et le Nouveau-Mexique, sur les terres acquises pendant la guerre contre le Mexique, où le principe de souveraineté populaire prévaut: ces territoires peuvent ainsi décider de l'adoption de l'esclavage. Malgré ce compromis le conflit sur fonds d'intérêts économiques et financiers persiste. Les maître du Sud, devenus une fraction minoritaire, montrent beaucoup d'inquiétude à l'égard des actes du Congrès des États-Unis; le Nord-Est demande un tarif douanier privilégié pour sa croissance industrielle, des subventions fédérales pour le transport et la modernisation de l'équipement, et un système bancaire et monétaire "sain"; le Nord-Ouest demande au Congrès des parcelles agricoles gratuites (homestead) et une aide fédérale pour ses voies routières et fluviales. La question de l'expansion de l'esclavage se pose de nouveau en 1854 lorsque le sénateur Stephen A. Douglas de l'Illinois présente au Congrès un projet de loi qui établit deux nouveaux territoires, le Kansas et le Nebraska, dans lesquels le principe de souveraineté populaire serait appliqué. Cette loi rend caduc le compromis du Missouri et soulève une vague de protestations dans le Nord qui entraîne, notamment, la création du parti républicain opposé à toute expansion de l'esclavage. En 1856, le candidat républicain à la présidence, John C. Frémont, recueille plus du tiers du vote populaire alors que dans le même temps, le président démocrate du Kansas James Buchanan demande au Congrès d'admettre dans l'Union le Kansas comme État esclavagiste. 7 mars 1857 - La Cour suprême des États-Unis déclare au sujet de l'affaire Dred Scott, esclave fugitif, que la Constitution des États-Unis ne donne pas au Congrès le pouvoir d'interdire l'esclavage dans les territoires. 12 avril 1861 - Début de la guerre civile de Sécession. La guerre civile dure de 1861 à 1865 et oppose les 11 états du Sud et le reste des états d'Amérique du Nord. Dans le sud, depuis 200 ans, les propriétaires et grands possédants font régner l'esclavagisme - 4 millions d'esclaves noirs sur 9 millions d'habitants - comme base de la culture du coton et du tabac. Les états du nord eux font d'énormes bénéfices avec le traitement industriel de ce coton et développent tout un tissu industriel et bancaire basé sur le salariat. L'élection d'Abraham Lincoln, favorable à l'abolition, met le feu aux poudres et 11 états du sud se séparent du reste des états fédérés. La guerre de sécession est le résultat de quatre décennies de conflits d'intérêts entre le Nord et le Sud sur les plans économique, social et politique. La prise de différents forts par les sudistes provoque la levée de soldats par les nordistes et le début des combats. Les combats meurtriers provoquent de véritables hécatombes dans les familles des deux bords. ( En termes de destruction et de pertes humaines, la guerre de Sécession fut la plus coûteuse de l'histoire du peuple américain. À la fin de la guerre, 620 000 hommes - dans une nation de 35 millions de personnes - avaient été tués et largement autant avaient été blessés. Le Nord perdit au total 364 000 hommes - soit presque un soldat sur cinq - et le Sud en perdit 258 000 (soit presque un soldat sur quatre). Plus d'hommes moururent d'épidémies et de maladie que sur le champ de bataille, le rapport étant de quatre pour un.) Le conflit tourne à l'avantage des "nordistes". 1865 - Assassinat du Président des Etats-Unis Abraham Lincoln par John Wilkes Booth. Le républicain Andrew Johson devient Président des USA jusqu'en 1869 et sera accusé de trahison pour s'être opposé à l'égalité raciale. 1867 - Les Etats-Unis achète l'Alaska à la Russie Tsariste. 1876 - Little Big Horn. Réputé pour ses actions contre les Indiens et lors de la guerre de Sécession, le général Custer est non moins célèbre de part sa mort. En effet, lors de l'affrontement qui eu lieu à Little Big Horn, le général et ses hommes furent massacrés par les indiens en lutte pour leur survie et leurs territoires. 1890 - Massacre de Wounded Knee : les Sioux sont exterminés par l'Armée Américaine. 1914 - Les Etats-Unis se font céder le canal de Panama 1919 - "Palmer raids". Les grèves dans les secteurs métallurgique et sidérurgique, auxquelles s’ajoutent des problèmes liés à la prohibition et la campagne des suffragettes pour le droit de vote des femmes plongent l’Amérique dans une crise sociale. Mitchell Palmer, Garde des Sceaux, sonne l’hallali en stigmatisant une fraction infime de sa population : les communistes : "les langues du feu révolutionnaire viennent lécher les autels des églises, jaillir dans les beffrois des cloches des écoles, ramper jusqu’aux recoins les plus sacrés des maisons américaines, remplacer les serments du mariage par les lois du libertinage, enflammer les fondations de la société". En décembre - après avoir mis en place des commandos qui vont frapper les bastions de la gauche et de l’extrême gauche américaines que sont les syndicats et les locaux du parti communiste - l'action des "Palmer raids" atteint un point culminant avec la déportation en toute impunité de 249 sympathisants communistes. 1920 - Le Ministre Mitchell Palmer créé la liste dite du Garde des Sceaux qui répertorie six types d’organisations dont les activités sont jugées subversives et partant devaient être interdites. Toute personne adhérente à l’une de ces organisations commet un crime. Cette liste sera rétablie en 1947. Elle aura pour effet principal de désagréger le tissu associatif américain puisque le Garde des Sceaux pouvait, pour tout motif d’opportunité, faire interdire une association qu’il jugeait correspondre aux critères retenus par le décret présidentiel n° 9835 à venir. 1929-1941 - Crise économique de 1929 qui provoque la perte d'emploi pour des milliers de salariés et plonge des milliers de personnes dans la misère entraînant un important déclin démographique. 1938 - La commission Dies est instituée pour enquêter tant sur les groupes d’extrême droite que communistes. Ces travaux restèrent dans l’ombre puisqu’elle n’eût jamais de couverture médiatique. 1940 - Alien Registration Act. Appelé aussi Smith act du nom de son inspirateur, ce texte impose aux étrangers désireux de fouler le sol américain de se faire enregistrer et de répondre à cette question qui figure encore sur les cartons distribués dans l’avion avant l’atterrissage aux Etats-Unis : "êtes vous ou avez vous été membre du parti communiste ou d’une organisation qui lui est affiliée ?." Il faut noter que cette loi s’applique tant aux nationaux qu’aux étrangers. Elle constitue la première atteinte manifeste à la liberté d’expression et de pensée contenue dans le premier amendement de la Constitution américaine de 1776, interdisant au gouvernement de faire une loi qui restreindrait la liberté de parole. 1945 - House on Un-American activities Comittee ou HUAC. Ce comité placé sous l’autorité de la chambre des représentants est emblématique de la chasse aux sorcières annoncée. Un nombre impressionnant d’enquêtes et d’auditions est diligenté de 1945 à 1958 : environ 350 et 3000 auditions de témoins. C’est devant ses membres que tout Hollywood va devoir défiler pour attester ou nier la réalité de la "pénétration communiste" dans les studios cinématographiques américains. Les USA, signataires de la charte des Nations Unies adoptée le 26 Juin 1945 qui énonce que l’organisation encouragera et développera "le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion" livre son vrai visage. Les atteintes aux droits des individus sont bien en place. Personne ne peut y échapper. mars 1947 - Le décret présidentiel n°9835 impose à tout fonctionnaire fédéral de se soumettre à une procédure d’évaluation de son loyalisme. Cette procédure implique notamment la signature d’un serment de loyauté dans lequel l’intéressé reconnaît ne pas être affilié au parti communiste. Chaque fonctionnaire peut être mis en cause s’il appartient à une organisation "désigné par le garde des sceaux comme totalitaire, fasciste, communiste ou subversive, ou comme ayant adopté une politique prônant ou approuvant des actes de force ou de violence pour dénier à des personnes leurs droits constitutionnels, ou cherchant à modifier la forme de gouvernement des Etats-Unis par des moyens anticonstitutionnels." Il pêche, comme les textes que nous avons déjà évoqués, par le flou juridique des notions qu’il entend incriminer. La notion de loyalisme n’est pas définie, laissant la place aux interprétations personnelles des agents chargés d’éprouver celui des fonctionnaires. Parallèlement ce décret criminalise le débat d’idées et non plus seulement les actes susceptibles de répréhension. Les droits fondamentaux de l'être humain sont mis en cause. 1947 - Le Taft-Hartley act voté par le congrès très conservateur élu en 1946 impose à tout dirigeant syndical de prêter serment qu’il ne fait pas partie du parti communiste ou qu’il ne soutient pas une organisation qui prône ou enseigne le renversement du gouvernement par des moyens inconstitutionnels. Un syndicat dont le dirigeant ne prête pas serment n’est plus représentatif et perd donc son droit à participer aux négociations collectives. La loi est ouvertement anti-communiste et en complète contradiction avec le premier amendement. Elle aura des conséquences désastreuses sur la représentation syndicale aux Etats-Unis, puisque le patronat constituera ses propres listes noires, listes sur lesquelles tous les sympathisants communistes ou supposés tels sont inscrits, et pratiquera une discrimination à l’embauche parfaitement illégale. Les syndicats "loyalistes" américains aideront à la création dans les pays européens de syndicats anti-communistes et loyaux (en France: F.O) 26 février 1947 - Le comité Canwell de l’Etat de Washington . Cette résolution de la chambre des représentants portant création d’un comité sur les activités "anti-américaines" donne pour mission au Comité de tenir des auditions publiques, de rassembler tout document et d’entendre tout témoin susceptible d’aider au travail législatif de la chambre, de saisir les juridictions compétentes quand il l’estime nécessaire à la poursuite de ses investigations et enfin "de faire toutes choses nécessaires pour qu’il puisse exercer ses pouvoirs et atteindre les buts fixés par cette résolution" ( Annexe 9 ). En langage métaphorique cela s’appelle un chèque en blanc et en langage juridique les pleins pouvoirs. Certes ça n’est tout de même pas l’article 16 de la Constitution de 1958, il n’empêche cependant que les dérives auxquelles le comité va se livrer ne sont pas le fruit du hasard. Ici et comme dans le dispositif législatif et réglementaire, l’imprécision prime sur l’exacte qualification juridique requise en la matière. Alors qu’HUAC tançait les vedettes du grand écran, le comité Canwell s’est quant à lui beaucoup intéressé à la "pénétration communiste" dans les universités, concourrant à la création d’une commission disciplinaire au sein de l’université de Washington portant atteintes aux droits des témoins assignés devant ces comités. Universitaire. Melvin Rader dut témoigner devant le comité Canwell, sa carrière universitaire fut brisée : "Durant l’audition, il n’y avait aucune des protections assurées par la Constitution devant une cour de justice. Les libertés des premier et cinquième amendements étaient violées par une pratique quasi-inquisitoriale. Il n’y avait ni juge ni jury, aucun droit à un contre-interrogatoire des témoins hostiles, aucune possibilité de soumettre une preuve ou un témoignage à l’appui de sa propre défense. Bien que l’assistance d’un conseil fût autorisée, celui-ci était soit réduit au silence soit drastiquement limité dans l’objet de ses discours. Au lieu d’être présumé innocent tant que la preuve de la culpabilité n’a pas été apportée, on avait la charge de prouver son innocence." ( Annexe 11 et Annexe 12 ). 1948 - Violation des droits fondamentaux. Les individus dont le FBI juge les activités suspectes n’obtiennent pas de visas pour l’étranger, leurs correspondances privées sont ouvertes par les services des postes, toute parole en faveur de l’URSS est interprétée à partir de 1950 comme une preuve de déloyauté et de volonté de renverser le gouvernement des Etats-Unis par la force. Pourtant le 10 décembre 1948, les Etats-Unis adopte, avec la majorité des membres de l’O.N.U, la déclaration universelle des droits de l’homme .. Cette "Déclaration" n’a malheureusement pas la force juridique des conventions bien qu’elle protège explicitement les droits civils et politiques. Mais pas pour les citoyens américains. 9 février 1950 - Wheeling. Mccarthy, sénateur américain, prononce à Wheeling un discours au cours duquel il accuse le département d’Etat d’employer sciemment 205 membres du parti communiste. Ici pointe la dialectique qui sera à l’œeuvre durant toute cette période et au sein de tous les comités d’enquête qui vont être créés : la loyauté envers le PC signifie systématiquement la déloyauté envers les Etats-Unis. Un mois après le discours de Wheeling Mccarthy réitère devant le Sénat et expose en détail 81 cas de trahison ( Annexe 4 ). Ce discours n’est pas fondateur au sens strict du terme de la volonté de traquer les communistes qui se trouvent sur le sol américain. Il n’est pas le plus violent. D’autres propos le sont beaucoup plus ( Annexe 4a ) et son livre "Fight for America" (Fight se dit Kampf en allemand…) fait office de véritable bible ( Annexe 4b ). Il est par contre un formidable détonateur qui amène jusque dans l’Amérique profonde la peur des communistes. La chasse aux sorcières communistes va prendre dès 1950 une ampleur sans précédent, s’apparentant toujours plus à l’Inquisition dont elle empruntait certaines procédures ( Annexe 2 ). 1950 à 1954 - Le Maccarthysme. Mccarthy, sénateur américain, tient le flambeau de l’anti-communisme, le président Truman jusqu’en 1952 puis Eisenhower à partir de ce moment le soutiennent plus ou moins ouvertement. Le congrès crée des comités d’enquêtes sur la pénétration communiste dans la société américaine et son Administration. Les Etats fédérés imitent cette fièvre inquisitoriale et les atteintes aux droits civils se multiplient. Le terme de chasse aux sorcières, en référence à l’affaire de Salem, apparaît. Durant cette période sont instituées dans les Universités Américaines les "commissions de discipline universitaires": les étudiants sont fichés en fonction de leurs opinions par un bureau de collecte des informations propre à leur université qui peut à tout moment et sur simple requête d’un comité législatif transmettre les dossiers ainsi constitués. Le cas des professeurs va donner lieu à un intense débat dans la communauté universitaire américaine, entre les partisans d’une interdiction d’enseigner pour les professeurs sympathisants des thèses marxistes-léninistes et ceux qui voient dans cette interdiction une intolérable atteinte à la liberté académique. Le refus d'un citoyen de coopérer avec les comités législatifs signifie une inculpation pour outrage au congrès. Les membres des comités sont protégés par l’immunité parlementaire et ne peuvent donc faire l’objet d’aucune plainte de la part des témoins. Les délateurs, quant à eux, bénéficient de l’immunité judiciaire alors que les comités ne sont pas des organes juridictionnels. La machine s’enraye en mai 1954 quand Mccarthy, ne trouvant plus assez de citoyens à pourchasser, s’attaque à l’armée. Il est désavoué par ses pairs le 2 décembre 1954 pour avoir jeté le discrédit sur le Sénat et avoir agi à l’encontre de la "tradition" sénatoriale. Mais si le Sénat fustige son tribun pour son attitude vulgaire et outrancière (Le Président des USA est un militaire) durant les audiences Mccarthy/Armée, la chambre représentant les Etats ne se prononce absolument pas sur les pratiques du Maccarthysme en général. Il faudra patienter jusqu’en 1957 pour que la cour suprême revoie ses positions jurisprudentielles favorables aux chasseurs de communistes. Les derniers comités d’enquête ne disparaîtront qu'en 1978. 1950 - L’ internal security act. Deuxième texte concernant la surveillance des étrangers, l’ internal security act, dit aussi Mac Carran act, voté en 1950, renforce les dispositions du Smith act en matière d’immigration notamment par un contrôle beaucoup plus drastique des octrois de visas. Cette loi renforce aussi les sanctions en matière d’espionnage en disposant que tout individu "soupçonné" d’avoir communiqué, transmis ou livré une information "mettant en péril la sécurité nationale" sera poursuivi pour trahison et faits d’espionnage. Le soupçon a remplacé la preuve, les époux Rosenberg, condamnés et exécutés en juin 1953 en feront l’expérience. La notion de sécurité nationale ne sera jamais clairement définie par le législateur américain, laissant ainsi une large place au pouvoir d’interprétation du juge. Il en va de même pour le terme "soupçonné" qui donne la prévalence à l’intime conviction sur la preuve formelle. 1950 - Le Mac Carran act autorise la création de camps de concentration susceptibles d’accueillir les agents de la subversion en cas d’urgence décrétée par le président. Il suffit de revenir quelques années en arrière pour retrouver cette même préoccupation dans un décret présidentiel n° 9066 qui ouvrit à tous les Japonais de la côte Ouest des camps de concentration dans lesquels ils restèrent jusqu’à la fin de la guerre. Cette mesure s’appliquait aux ressortissants japonais bien sûr, mais aussi aux japonais naturalisés américains sans omettre les Américains d’origine japonaise n’ayant pour la plupart jamais foulé le sol de leurs ancêtres. Il fallut attendre 1980 pour qu’une commission sur l’internement des civils en temps de guerre reconnaisse avoir fait preuve de discrimination à l’égard des "américano-japonais" (on ne se refait pas…) Le Mac Carran act doit encore être retenu pour avoir créé le "subversive activities control board" chargé de déterminer quelles associations entraient dans la catégorie communiste ou pro-communiste. Ces dernières devaient alors se faire enregistrer auprès du Garde des Sceaux qui interdisait à ses membres de devenir fonctionnaire en application du décret n° 9835 et déférait ses dirigeants devant les tribunaux en vertu du Smith act. La non-déclaration étant punie de lourdes amendes ou d’emprisonnement, il ne restait plus à ces associations qu’à se dissoudre elles-mêmes. 1951 - Le décret présidentiel n°9835 . Ce texte déjà liberticide est modifié dans un sens plus restrictif, en disposant que désormais le doute et non plus "l’évidence, raisonnablement évaluée" permettra de limoger un fonctionnaire en mettant en cause sa loyauté. 1952 - L’immigration and nationality act. le congrès vote l’immigration and nationality act qui autorise les autorités policières à placer sous contrôle judiciaire les étrangers ayant des activités "subversives." La notion d’"activité subversive" n’étant pas clairement définie et incombant aux autorités chargées du contrôle, la procédure va totalement à l’encontre des règles de procédures légales fixées, le "due process of law" Juin 1953 - Les époux Rosenberg, condamnés, sont exécutés pour avoir livré des secrets sur la fabrication de la bombe atomique alors que les éléments sur lesquels le jury s’est fondé ont fait l’objet depuis le procès de maintes controverses. 1953 - Circulaire du secrétaire d’Etat Dulles. Cette circulaire du secrétaire d’Etat Dulles, qui deviendra sous la présidence de Lyndon Johnson patron de la Central Intelligence Agency, interdit les ouvrages communistes" dans les centres culturels américains à l’étranger. Nous retrouvons ici l’atteinte à la liberté d’expression et de pensée défendue par la Constitution. 1953 - Le président Eisenhower prend le décret n°10450 qui met à la charge du fonctionnaire soupçonné la preuve qu’il ne représente pas un danger pour la sécurité nationale. Cette disposition est très pernicieuse pour les agents dont la loyauté est mise en doute. D’une part la loyauté dont il a à faire la preuve n’est pas une notion dont les critères sont clairement identifiés. D’autre part la notion de danger pour la sécurité nationale n’a pas plus de définition claire. Le fonctionnaire doit donc prouver que sa conduite correspond à un standard qu’il ne connaît pas et qu’elle diffère d’une attitude répréhensible dont il n’a pas d’idée précise. L’instruction, à charge ou à décharge, est donc marquée du sceau de l’arbitraire. années 1945-1958- - House on Un-American activities Comittee ou HUAC, comité placé sous l’autorité de la chambre des représentants est emblématique de la chasse aux sorcières. Un nombre impressionnant d’enquêtes et d’auditions est diligenté de 1945 à 1958 : environ 350 et 3000 auditions de témoins. C’est devant ses membres que tout Hollywood va défiler pour attester ou nier la réalité de la pénétration communiste dans les studios cinématographiques américains. L’épisode le plus frappant de ces auditions restera la condamnation des Dix d’Hollywood qui, pour avoir refusé de répondre à la question "êtes vous ou avez vous été membre du parti communiste ? " seront inculpés d’outrage au congrès et condamnés à des peines de prison par un tribunal de droit de commun. Les studios et les syndicats d’acteurs, Ronald Reagan en tête, annoncent qu’ils n’emploieront plus de sympathisants communistes, Chaplin et Brecht fuient les Etats-Unis après avoir été grossièrement attaqué dans la presse pour Chaplin et interrogé par HUAC pour le poète allemand. Déclamer des vers de Nabokov délivre un passeport pour l’un des comités d’enquête sur les activités "anti-américaines". L’industrie du cinéma a bien sûr été affaiblie par ces investigations qui entrent directement en conflit avec un art pour lequel la liberté d’expression est la sève. Il faut cependant savoir que la plupart des exclus d’Hollywood ont pu continuer leur travail sous des noms d’emprunt ou bien à l’étranger. La même possibilité était par contre rarement offerte à ceux, moins connus, qui se sont fait convoquer par une commission d’enquête pour avoir simplement dans leur bibliothèque un ouvrage traitant de la condition des ruraux en Russie ou parce que leur nom a été évoqué au cours d’une audition. 1954 - Le communist control act déchoit le parti communiste de ses droits et privilèges en tant qu’association, sans pour autant le déclarer illégal, portant la législation américaine à un degré de raffinement en matière d’hypocrisie qu’elle n’avait atteint jusqu’alors qu’en matière de ségrégation raciale. L’Etat de Washington aura plus de courage puisqu’en 1955 il qualifiera le parti communiste d’organisation subversive, rendant ainsi son existence illégale dans l’Etat conformément au subversive activities act voté par le législateur de l’Etat en 1951 ( Annexe 6 ). Il ne fait plus aucun doute que l’Amérique est proche du fascisme durant ces sombres années. D’autre part, il est nécessaire de comprendre que le Maccarthysme est venu s’agréger à des dispositions en donnant son nom à des mécanismes qui le précédaient, qui avaient une existence autonome et dont la marque a ravagé l’Histoire de l’Humanité. Ainsi s’il n’est pas allé aussi loin que le nazisme ou l’Inquisition c’est sans doute par manque de temps, non de moyens. 19?? - Eleanor Roosevelt dont le mari fut président des Etats-Unis de 1932 à 1945 et parfois soupçonné de sympathies communistes pour sa gestion progressiste des affaires économiques et sociales, écrira à propos des professeurs d’université renvoyés à cause de leurs opinions marxistes : "on ne peut souscrire au parti communiste et être en même temps un bon citoyen américain, encore moins un professeur. " Il n’y a aucune acceptation, même du côté gauche de l’échiquier politique, des idées communistes. Elles seront toujours perçues comme une menace pour la société et l’existence même des Etats-Unis, légitimant ainsi des répressions souvent brutales. 1960 - John Fitzerald Kennedy candidat démocrate est élu Président des Etats-Unis. Il organise le renversement de Fidel castro à Cuba dans la baie des cochons. C'est un échec. En 1962 il organise le blocus de Cuba. 1963 - Marche pour l'égalité des droits entre blancs et noirs sur Washington. 1963 - Assassinat du Président John F. Kennedy. Son vice-Président démocrate Lyndon Johson devient Président, élu jusqu'en 1968. Il va mettre sur pied l'intervention américaine au Vietnam. 1964 - Guerre du Vietnam. Les Etats-Unis prennent le relais de la France et de ses armées dans la guerre pour soumettre et contrôler le Vietnam, ancienne colonie française. C'est le début de massacres, de l'utilisation par les forces armées américaines d'armes chimiques (napalm) et biologiques contre les populations. 2 juillet 1964 - Loi sur les droits civiques. Symboles de la fin de l'Apartheid et de la ségrégation raciale sévissant aux USA depuis leur origine, cette loi fait enfin disparaître les panneaux (honteux) sur lesquels figuraient les mots "whites only" qui interdisaient à un homme à peau noire de boire à la même fontaine publique que l’homme blanc, aux enfants noirs de prendre le même autobus scolaire que les blancs. Les noirs n’étaient pas des citoyens à part entière, ou plutôt à part égale. Albert Camus nous le rappelle en écrivant "toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme". 1967 - Manifestation contre la guerre du Vietnam aux Etats-Unis et dans le monde entier. 1968 - Assassinat du leader noir des droits civiques, le révérend Marthin Luther King, pacifiste, Prix Nobel de la Paix en 1964. 1968 - Assassinat de Robert Kennedy, candidat démocrate à la Présidence des Etats-Unis, frère du Président assassiné J.F Kennedy 1968 - Richard Nixon, candidat républicain est élu Président des Etats-Unis et réélu en 1972 1973 - Scandale du Watergate, le Président Nixon démissionne après l'inculpation de cinq de ses collaborateurs coupable d'avoir organisé l'espionnage politique du parti démocrate. 1974 - Gerald R. Ford, candidat républicain, est élu Président des Etats-Unis 1977 - Jimmy Carter, candidat démocrate, représentant des grands propriétaires et partisans de l'agriculture intensive liée aux industries agro-alimentaires chimiques est élu Président des Etats-Unis 1978 - Maccarthysme . Les derniers comités d’enquête crées par le Congrès américains en 1950 pour lutter contre les progressistes disparaissent cette année-là. 1981 - Ronald Reagan, acteur de cinéma, gouverneur de la Californie, candidat républicain est élu Président des Etats-Unis et réélu en 1984. 1987 - Scandale de l'Irangate, le Président Reagan est impliqué dans une affaire de livraison d'armes à l'Iran que l'argent de la drogue d'Amérique du Sud, que l'Amérique est censée combattre officiellement, à servi à financer . 1988 - Georges Bush candidat républicain, ancien directeur de la CIA, est élu Président des Etats-Unis. En Janvier 1991, il déclare la guerre à l'Irak (allié de longue date des USA) coupable d'avoir envahie le Koweit. 1993 - Bill Clinton candidat démocrate est élu 42ème Président des Etats-Unis. Il favorise la mise en place du marché mondial. 199. - Scandale Lewinsky le Président Clinton est accusé d'avoir eu des relations sexuelles avec une stagiaire de la Maison Blanche. Dans une Amérique puritaine, ses dénégations suivis de ses aveux, le rapproche d'une inculpation pour forfaiture à laquelle il échappe de peu. 2001 - Georges Walter Bush fils de Georges Bush (ancien Président des USA et ancien directeur de la CIA) est déclaré élu face au Président sortant Bill Clinton, à l'issu d'une élection suspecte et d'imbroglio anti-démocratique. La plupart des membres de son gouvernement représentent les entreprises de l'industrie pétrolière et de l'armement. Alors que l'Amérique traverse une récession et que son économie spéculative est mal en point, en septembre, des attaques aériennes sur des cibles symboles de la puissance américaine sur le sol même des USA (World Trade Center) font près de 3000 victimes. Un réseau terroriste (Al Qaida) animé par un milliardaire saoudien -ancien partenaire d'affaires de G.Bush - (Ben Laden) est désigné comme responsable des attentats. Ces actes conduisent, sous couvert de lutte contre le terrorisme, à la promulgation de lois limitant les libertés individuelles, à l'installation de l'armée américaine en Afghanistan, à la légitimisation de régimes militaires nucléarisés (Pakistan), à la négociation d'implantation de bases américaines en différents points de la planète. 2002 - Le Congrès américain donne son accord au Président Bush pour utiliser la force envers l'Irak dirigé par Saddam Hussein, ancien client des industries américaines et française d'armement et allié précieux des USA dans sa guerre contre l'Iran. La route des puits de pétroles est ouverte. 2003 - Manifestations Pacifistes pour la Paix. Un mouvement populaire s'organise aux Etats-Unis ainsi qu'a travers tous les pays du monde pour s'opposer à une intervention militaire en Irak. C'est la première fois qu'un tel mouvement en faveur de la Paix se développe avant qu'une guerre n'est été déclarée.