Chants et poèmes de lutte

Amis dessous la cendre

(Serge Utgé-Royo)

 

Amis dessous la cendre

le feu va tout brûler

La nuit pourrait descendre

dessus nos amitiés

-

Voilà que d'autres bras tendus

s'en vont strier nos aubes claires

Voilà que de jeunes cerveaux

refont le lit de la charogne

Nous allons compter les pendus

au couchant d'une

autre après-guerre

et vous saluerez des drapeaux en priant debout sans vergognes

-

Amis dessous la cendre

le feu va tout brûler

La nuit pourrait descendre

dessus nos amitiés

-

La nouvelles chasse est ouverte

cachons nos rires basanés

les mots s'effacent sous les poings et les chansons sous les discours

Si vos lèvres sont entrouvertes

un ordre viendra les souder

des gamins lâcheront les chiens

sur les aveugles et sur les sourds

Je cris pour me défendre

A moi les étrangers !

La vie est bonne à prendre

et belle à partager

-

Si les massacres s'accumulent, votre mémoire s'atrophie et la sinistre marée noire couvre à nouveau notre avenir

Vous cherchez dans le crépuscule l'espérance de la survie

Les bruits de bottes de l'histoire n'éveillent pas vos souvenirs

-

Amis, dessous la cendre,

le feu va tout brûler

la nuit pourrait descendre

dessus nos amitiés

-

Je cris pour me défendre

a moi les étrangers

la vie est bonne à prendre

et belle à partager

-

Amis dessous la cendre

le feu va tout brûler

La nuit pourrait descendre

dessus nos amitiés (bis)

A las barricadas!

 

Negras tormentas agitan los aires,

Nubes oscuras nos impiden ver

y aunque nos espera el dolor y la muerte,

Contra el enemigo nos llama el deber.

El bien màs preciado es la libertad,

Luchemos por ella con fe y valor.

Alza la bandera revolucionaria

Que llevarà al pueblo a la emancipaciòn.

En pie el pueblo obrero a la batalla,

Hay que derrocar a la reacciòn.

A las barricadas, a las barricadas,

Por el triunfo de la Confederaciòn!

Chanson du CMDO

(Conseil pour le maintien des occupations)

 

Rue Gay-Lussac, les rebelles

N'ont qu' les voitures à brûler.

Que vouliez-vous donc, la belle,

Qu'est-ce donc que vous vouliez?

-

Refrain :

Des canons par centaines,

Des fusils par milliers,

Des canons, des fusils,

Par centaines et par milliers.

-

Dites-moi comment s'appelle

Ce jeu-là que vous jouiez ?

La règle en paraît nouvelle:

Quel jeu, quel jeu singulier!

-

La révolution, la belle,

Est le jeu que vous disiez.

Elle se joue dans les ruelles,

Elle se joue grâce aux pavés.

-

Le vieux monde et ses séquelles,

Nous voulons les balayer.

Il s'agit d'être cruels,

Mort aux flics et aux curés.

-

Ils nous lancent comme grêle

Grenades et gaz chlorés,

Nous ne trouvons que des pelles

Et couteaux pour nous armer.

-

Mes pauvres enfants, dit-elle,

Mes jolis barricadiers,

Mon coeur, mon coeur en chancelle,

Je n'ai rien à vous donner.

Si j'ai foi en ma querelle

Je n' crains pas les policiers.

Il faut qu'elle devienne celle

Des camarades ouvriers.

-

Le gaullisme est un bordel,

Personne n'en peut plus douter.

Les bureaucrates, aux poubelles !

Sans eux, on aurait gagné.

-

Rue Gay-Lussac, les rebelles

N'ont qu' les voitures à brûler.

Que vouliez-vous donc, la belle,

Qu'est-ce donc que vous vouliez ?

-

Des canons par centaines,

Des fusils par milliers,

Des canons, des fusils,

Chant de révolte

(Sébastien Faure - 1886)

 

Refrain :

Eglise, parlement, capitalisme et la magistrature,

Patrons et gouvernants, libérons-nous de cette pourriture,

Pressant est notre appel, donnons l'assaut au monde autoritaire,

Et d'un coeur fraternel, nous réaliserons l'idéal libertaire.

-

Nous sommes les persécutés

De tous les temps et de toutes les races

Toujours nous fûmes exploités

Par les tyrans et les rapaces

Mais nous ne voulons plus fléchir

Sous le joug qui courba nos pères

Car nous voulons nous affranchir

De ce qui cause nos misères.

-

Ouvriers ou bien paysans

Travailleurs de la terre ou de l'usine

Nous sommes dès nos jeunes ans

Réduis au labeur qui nous mine.

D'un bout du monde à l'autre bout

C'est nous qui créons l'abondance

C'est nous tous qui produisons tout

Et qui vivons dans l'indigence.

-

L'Etat nous écrase d'impôts

Il faut payer ses juges et sa flicaille

Et si nous protestons trop haut

Au nom de l'ordre on nous mitraille

Les maîtres ont changé cent fois

C'est le jeu de la politique

Quels que soient ceux qui font les lois

C'est bien toujours la même clique.

-

Pour défendre les intérêts

Des flibustiers de la grande industrie

On nous ordonne d'être prêts

A mourir pour notre patrie

Nous ne possédons rien de rien

Nous avons horreur de la guerre

Voleurs, défendez votre bien

Ce n'est pas à nous de le faire.

Chant des journées de Mai

Cette version de Ay Carmela est apparue sur les barricades de Mai 68, en souvenir des tragiques évènements de mai 1937 à Barcelone.

 

La garde d'assaut marche

Boum badaboum badaboum bam bam

Au central téléphonique

Ay Carmela Ay Carmela

-

Défi aux prolétaires

Boum badaboum badaboum bam bam

Provocation stalinienne

Ay Carmela Ay Carmela

-

On ne peut laisser faire

Boum badaboum badaboum bam bam

Le sang coule dans la ville

Ay Carmela Ay Carmela

-

POUM et FAI et CNT

Boum badaboum badaboum bam bam

Avaient seuls pris Barcelone

Ay Carmela Ay Carmela

-

La République s'arme

Boum badaboum badaboum bam bam

Mais d'abord contre nous autres

Ay Carmela Ay Carmela

-

A Valence et à Moscou

Boum badaboum badaboum bam bam

Le même ordre nous condamne

Ay Carmela Ay Carmela

-

Ils ont juré d'abattre

Boum badaboum badaboum bam bam

L'autonomie ouvrière

Ay Carmela Ay Carmela

-

Pour la lutte finale

Boum badaboum badaboum bam bam

Que le front d'Aragon vienne

Ay Carmela Ay Carmela

-

Camarades ministres

Boum badaboum badaboum bam bam

Dernière heure pour comprendre

Ay Carmela Ay Carmela

Honte à ceux qui choisissent

Boum badaboum badaboum bam bam

L'aliénation étatique

Ay Carmela Ay Carmela

Dansons la Syndicale

(Sur l'air de la carmagnole)

 

J'en sais qui tremblent dans leur peau (bis)

quand on arbore le drapeau (bis)

Il flambe tout vermeil,

comme un ardent soleil

-

Refrain :

Dansons la syndicale,

vivent les vrais, vivent les bons,

Dansons la syndicale,

Vivent les vrais compagnons !

-

Son rouge appel doit nous unir (bis)

Pour nous ruer à l'avenir (bis)

Sans fifres, ni tambours

il faut lutter toujours.

-

Refrain

-

On a chassé des tas de rois (bis)

On a conquis des tas de droits (bis)

Mais pour suer de l'or,

on est au bagne encore.

-

Refrain

-

Si tu t'es fait broyer les doigts (bis)

Ca laisse calme ton bourgeois (bis)

Mais nous te défendrons

sans crainte des patrons,

-

Refrain

-

Quand c'est la grève il faut souffrir (bis)

Malheur à qui voudrait trahir (bis)

Pour vaincre nos tyrans

mes gars, serrons les rangs !

-

Refrain

-

Travail qui domptes le métal (bis)

Tu briseras le Capital (bis)

Il faut sans te lasser

apprendre à t'en passer.

-

Refrain

-

Demain, peut-être après demain (bis)

Commencera le siècle humain (bis)

Nous y travaillerons,

mais pas pour des patrons

-

Refrain

-

Un magnifique floréal (bis)

Verra fleurir notre idéal (bis)

Sous la splendeur des cieux

Tous libres et joyeux !

-

Refrain

Elle n'est pas morte

(Poème en l'honneur des Communards composé par Eugène POTTIER en 1886)

 

On l'a tuée à coups de chass'pots,

A coups de mitrailleuses,

Et roulée avec son drapeau

Dans la terre argileuse.

Et la tourbe des bourreaux gras

Se croyait la plus forte.

-

Tout ça n'empêch' pas, Nicolas,

Qu'la Commune n'est pas morte !

-

Comme faucheurs rasant un pré,

Comme on abat des pommes,

Les Versaillais ont massacré

Pour le moins cent mille hommes.

Et les cent mille assassinats

Voyez c'que ça rapporte.

-

Tout ça n'empêch' pas, Nicolas,

Qu'la Commune n'est pas morte !

-

On a bien fusillé Varlin,

Flourens, Duval, Millière,

Ferré, Rigault, Toni Moilin,

Gavé le cimetière.

On croyait lui couper les bras

Et lui vider l'aorte.

-

Tout ça n'empêch' pas, Nicolas,

Qu'la Commune n'est pas morte !

-

Ils ont fait acte de bandits

Comptant sur le silence,

Ach'vé les blessés dans leurs lits,

Dans leurs lits d'ambulance.

Et le sang inondant les draps

Ruisselait sous la porte.

-

Tout ça n'empêch' pas, Nicolas,

Qu'la Commune n'est pas morte !

-

Les journalistes policiers

Marchands de calomnies,

Ont répandu sur nos charniers

Leurs flots d'ignominie.

Les Maxim' Ducamps, les Dumas,

Ont vomi leur eau-forte.

-

Tout ça n'empêch' pas, Nicolas,

Qu'la Commune n'est pas morte !

-

C'est la hache de Damoclès

Qui plane sur leurs têtes.

A l'enterrement de Vallès

Ils en étaient tout bêtes.

Fait qu'on était un fier tas

A lui servir d'escorte !

-

Ce qui prouve en tout cas, Nicolas,

Qu'la Commune n'est pas morte !

-

Bref, tout ça prouve aux combattants

Qu'Marianne a la peau brune,

Du chien dans l'ventre, et qu'il est temps

D'crier "Vive la Commune !"

Et ça prouve à tous les Judas

Qu'si ça marche de la sorte,

Ils sentiront dans peu, nom de dieu !

Qu'la Commune n'est pas morte !

Juillet 1936

(Serge Utgé royo)

 

Juillet 1936 dans les casernes catalanes

La mort bute sur les milices et le peuple compte ses armes

Dans les villages et les hameaux les paysans groupent les terres

En un seul et riche morceau et passe le vent libertaire

-

Je pense à vous vieux compagnons dont la jeunesse est à la douane

et pardonner si ma chanson vous refait mal à votre Espagne

Mais j'ai besoin de vous apprendre j'ai envie de vous ressembler

Je gueulerai pour qu'on entende ce que vous m'avez enseigné

-

Donne-moi ta main camarade

Prête-moi ton coeur compagnons

Nous referons les barricades

Comme hier la confédération

-

A quelques heures de Barcelone se sont groupés des menuisiers

Et sans patron tout refonctionne on sourit dans les ateliers

Sur la place de la mairie qu'on a changé en maternelle

Des femmes ont pris la blanchisserie et sortent le linge au soleil

-

Donne-moi ta main camarade

Prête-moi ton coeur compagnons

Nous referons les barricades

Et la vie, nous la gagnerons

-

Tandis que quelques militaires font leur métier de matadors

Des ouvriers, des ouvrières détruisent une prison d'abord

Là-bas, c'est la mort qui s'avance tandis qu'ici: A madanne c'est l'anarchie

La liberté dans l'espérance il ont osé la vivre aussi

-

Dame tu mano companero

I presta me tu corazon

Barricadas leventaremos

Como ahier la confederacion

 

L'oppression

(Leo Ferré - 1972)

 

Ces mains bonnes à tout même à tenir des armes

Dans ces rues que les hommes ont tracées pour ton bien

Ces rivages perdus vers lesquels tu t'acharnes

Où tu veux aborder

Et pour t'en empêcher

Les mains de l'oppression

Regarde-la gémir sur la gueule des gens

Avec les yeux fardés d'horaires et de rêves

Regarde-la se taire aux gorges du printemps

Avec les mains trahies par la faim qui se lève

Ces yeux qui te regardent et la nuit et le jour

Et que l'on dit braqués sur les chiffres et la haine

Ces choses défendues vers lesquelles tu te traînes

Et qui seront à toi

Lorsque tu fermeras

Les yeux de l'oppression

Regarde-la pointer son sourire indécent

Sur la censure apprise et qui va à la messe

Regarde-la jouir dans ce jouet d'enfant

Et qui tue des fantômes en perdant ta jeunesse

Ces lois qui t'embarrassent au point de les nier

Dans les couloirs glacés de la nuit conseillère

Et l'Amour qui se lève à l'Université

Et qui t'envahira

Lorsque tu casseras

Les lois de l'oppression

Regarde-la flâner dans l'œil de tes copains

Sous le couvert joyeux de soleils fraternels

Regarde-la glisser peu à peu dans leurs mains

Qui formeront des poings

Dès qu'ils auront atteint

L'âge de l'oppression

Ces yeux qui te regardent et la nuit et le jour

Et que l'on dit braqués sur les chiffres et la haine

Ces choses défendues vers lesquelles tu te traînes

Et qui seront à toi

Lorsque tu fermeras

Les yeux de l'oppression

La rue des bons enfants

(Guy Debord )

 

Dans la rue des Bons-Enfants

On vend tout au plus offrant

Y avait un commissariat

Et maintenant il n'est plus là.

Une explosion fantastique

N'en a pas laissé une brique

On crut qu' c'était Fantômas

Mais c'était la lutte des classes.

-

Un poulet zélé vint vite

Y porter une marmite

Qu'était à renversement

Et la retourne, imprudemment.

Le brigadier, l'commissaire

Mêlés au poulet vulgaire

Partent en fragments épars

Qu'on ramasse sur un buvard.

-

Contrairement à c'qu'on croyait

Y en avait qui en avaient

L'étonnement est profond

On peut les voir jusqu'au plafond.

Voilà bien ce qu'il fallait

Pour faire la guerre aux palais

Sache que ta meilleure amie

Prolétaire, c'est la chimie.

-

Les sociales n'ont rien fait

Pour abréger les forfaits

D'infamie capitaliste

Mais heureusement vient l'anarchiste.

Il n'a pas de préjugés

Les curés seront mangés

Plus d'patries, plus d'colonies

Et tout le pouvoir, il le nie.

-

Encore quelques beaux efforts

Et disons qu'on se fait fort

De régler radicalement

L'problème social en suspens.

Dans la rue des Bons-Enfants

Viande à vendre au plus offrant

L'avenir radieux prend place

Et le vieux monde est à la casse.

La semaine sanglante

 

Sauf des mouchards et des gendarmes,

On ne voit plus par les chemins,

Que des vieillards tristes en larmes,

Des veuves et des orphelins.

Paris suinte la misère,

Les heureux même sont tremblants,

La mode est aux conseils de guerre,

Et les pavés sont tous sanglants.

-

Oui, mais...

Ca branle dans le manche,

Les mauvais jours finiront,

Et gare à la revanche

Quand tous les pauvres s’y mettront !

Quand tous les pauvres s’y mettront !

-

Les journaux de l’ex-préfecture,

Les flibustiers, les gens tarés,

Les parvenus par l’aventure,

Les complaisants, les décorés,

Gens de bourse et de coin de rues,

Amants de filles au rebus,

Grouillent comme un tas de verrues

Sur les cadavres des vaincus.

-

Oui, mais...

Ca branle dans le manche,

Les mauvais jours finiront,

Et gare à la revanche

Quand tous les pauvres s’y mettront !

Quand tous les pauvres s’y mettront !

On traque, on enchaîne, on fusille,

Tout ceux qu’on ramasse au hasard :

La mère à côté de sa fille,

L’enfant dans les bras du vieillard.

Les châtiments du drapeau rouge

Sont remplacés par la terreur

De tous ces chenapans de bouge

Valets de Rois et d’Empereurs.

-

Oui, mais...

Ca branle dans le manche,

Les mauvais jours finiront,

Et gare à la revanche

Quand tous les pauvres s’y mettront !

Quand tous les pauvres s’y mettront !

Demain les gens de la police,

Refleuriront sur les trottoirs,

Fiers de leurs états de services,

Et le pistolet en sautoir.

Sans armes, sans travail et sans pain,

Nous allons être gouvernés

Par des gendarmes et des mouchards,

Des sabres peuples et des curés.

-

Oui, mais...

Ca branle dans le manche,

Les mauvais jours finiront,

Et gare à la revanche

Quand tous les pauvres s’y mettront !

Quand tous les pauvres s’y mettront !

Le peuple au collier de misère

Sera-t-il donc toujours brimé ?

Et jusqu’à quand les gens de guerre

Tiendront-ils les haut du pavé ?

Et jusqu’à quand la sainte clique

Nous croira-t-elle un vil bétail ?

A quand enfin la république

De la justice et du travail ?

-

Oui, mais...

Ca branle dans le manche,

Les mauvais jours finiront,

Et gare à la revanche

Quand tous les pauvres s’y mettront !

Quand tous les pauvres s’y mettront !

Le déserteur

(Boris Vian)

 

Monsieur le Président

Je vous fait une lettre

Que vous lirez peut-être

Si vous avez le temps.

Je viens de recevoir

Mes papiers militaires pour partir à la guerre

Avant mercredi soir.

Monsieur le Président

Je ne veux pas la faire

Je ne suis pas sur terre pour tuer de pauvres gens.

C'est pas pour vous fâcher

Il faut que je vous dise

Ma décision est prise

Je m'en vais déserter.

-

Depuis que je suis né

J'ai vu mourir mon père

J'ai vu partir mes frères

Et pleurer mes enfants.

Ma mère a tant souffert

Qu'elle est dedans sa tombe

Et se moque des bombes

Et se moque des vers.

Quand j'étais prisonnier

On m'a volé ma femme

On m'a volé mon âme

Et tout mon cher passé.

Demain de bon matin

Je fermerai ma porte

Au nez des années mortes

J'irai sur les chemins.

-

Je mendierai ma vie

Sur les routes de France

De Bretagne en Provence.

Et je crierai aux gens

Refusez d'obeir

Refusez de la faire

N'allez pas à la guerre

Refusez de partir.

S'il faut donner son sang

Allez donner le vôtre

Vous êtes bon apôtre

Monsieur le Président.

Si vous me poursuivez

Prévenez vos gendarmes

Que je serai en arme

Et que je sais tirer.

Les Canuts

(Paroles et musique d'Aristide BRUANT. )

Cette chanson exalte la misère et la révolte des ouvriers tisserands lyonnais, les canuts,ceux dont les grandes luttes des années 1830-1834 inaugurèrent l'organisation et la lutte de la classe ouvrière française naissante.

 

Pour chanter Veni Creator

Il faut une chasuble d'or.

Pour chanter Veni Creator

Il faut une chasuble d'or.

Nous en tissons

pour vous grands de l'Eglise,

Et nous pauvre canuts

n'avons pas de chemise.

-

C'est nous les canuts,

Nous allons tout nus. (bis)

-

Pour gouverner il faut avoir

Boutons et rubans en sautoir.

Pour gouverner il faut avoir

Boutons et rubans en sautoir.

Nous en tissons

pour vous grands de la terre,

Et nous pauvres canuts

sans dras on nous enterre.

-

C'est nous les canuts,

Nous allons tout nus. (bis)

-

Mais notre règne arrivera

Quand votre règne finira.

Mais notre règne arrivera

Quand votre règne finira.

Nous tisserons le linceul du vieux monde,

Et l'on entend déjà la révolte qui gronde.

-

C'est nous les canuts,

Nous n'irons plus nus !

Makhnovtchina

 

 

Par les monts et par les plaines

Dans la neige et dans le vent

A travers toute l'Ukraine

Se levaient nos partisans

-

Au printemps les traités de Lénine

Livraient l'Ukraine aux allemands

A l'automne la Makhnovtchina

Les avait jetés au vent

-

Makhnovtchina Makhnovtchina

Tes drapeaux sont noirs dans le vent

Ils sont noirs de notre peine

Ils sont rouges de notre sang

-

L'armée blanche de Dénikine

Est entrée en Ukraine en chantant

Mais bientôt la Makhnovtchina

L'a dispersée dans le vent

-

Makhnovtchina Makhnovtchina

Armée noire de nos partisans

Qui combattaient en Ukraine

Contre les rouges et les blancs

-

Makhnovtchina Makhnovtchina

Ceci est ton testament :

Tu voulais chasser d'Ukraine

A jamais tous les tyrans

Sur la Commune

(Serge Utgé-Royo)

 

Il était une fois dans ce grand cimetière

écoutez bien l'ami c'est une histoire vraie

l'gouvernement d'alors avait perdu sa guerre

L'Etat de Prusse avait vaincu l'Etat français (bis)

-

Pendant qu'on s'arrangeait entre grands de l'époque

pour payer le tribut au premiers tueurs

Voilà que de Paris le peuple se convoque et décide comme çà qu'il ne veut plus d'supérieurs (bis)

-

Refrain :

Tous les copains de la Commune

ne sont pas morts sans rien laisser

ils doivent nous garder rancune de laisser crever leur passé

Ils doivent nous garder rancune de ne pas mieux en profiter

-

L'Etat français implore son ami vainqueur

de lui donner la main pour mater la canaille

Car il faut sans tarder aller clouer la peur

aux cerveaux parisiens qui bravent la mitraille (bis)

-

Refrain

-

Et c'est le 18 mars de l'an 71 que depuis le palais où rota Louis XIV

Monsieur Thiers a brandi quelques canons de bronze et criait vers paris "il vous faut rendre gorge" (bis)

-

Refrain...

-

Une fille de Paris a gueulé vers le ciel

et laissé sa jeunesse dans un bagne pourri

Femmes si vous lutter Saluez Louise Michel

Et si vous ne lutter pas, saluez-là aussi (bis)

-

Aussi souvenons-nous que des frères oubliés

venus d'autres pays, citoyens de la Terre

sont morts des mêmes balles que leurs frères français

Ils avaient oublié les drapeaux, les frontières (bis)

-

Refrain

-

Notre mémoire est née de ces quelques semaines

Compagnons et compagnes, il faut l'utiliser

Revendiquons les rues, les montagnes, les plaines

et comme les communards abolissons les armées (bis)

-

Il faut gratter l'oubli dont on a recouvert

les leçons des copains qui furent assassinés

Il faut savoir que l'autonomie ouvière

a eut dans son histoire des blessures infectées (bis)

-

Refrain

Sur le temps de cerises

(Serge Utgé-Royo )

 

Que de sang séché depuis la Commune

Sang de paysan et sang d'ouvrier

Et tant de souffrances

Ont-t-ils donc pleuré en restant dans l'ombre

et compter les noms des copains passés

Faut-il reculer et ne pas répondre

face à la douleur des emprisonnés ?

-

Que revienne enfin ce temps où les têtes

Fleurissaient d'amour et de liberté

Temps d'espérance

Que croulent l'etat et tous ses ministres

Nous verrons alors les mains se serrer

Que crèvent les grands qui nous administrent

Nous saurons aussi vivre sans papiers

-

Merci à tous ceux du temps de cerises

Pour la mélodie qu'ils nous ont laissé

et qu'ils nous pardonnent :

Nous la chanterons pleine de révolte

Tant que les patrons voudront exister

Nous la chanterons toutes les saisons

Et jusqu'à la fin de leur société...

LA GREVE GENERALE

Refrain :

Marchons à la bataille,

Fronts hauts et poings serrés,

La terre au loin tressaille,

Sous nos souliers ferrés !

I. Depuis le temps qu'on crève,

De faim, de froid, de tout,

Autant faire la grève !

Autant crever debout !

II. Dans la splendeur florale

Du tiède mois de mai,

La grève générale

Commence pour de vrai.

III. Torrent près de la source,

Et fleuve un peu plus bas,

La grève dans sa course

grossit à chaque pas.

IV. Partis à quelques hommes,

Sans armes, en haillons,

Voyez amis, nous sommes

Déjà des millions.

V. Que veulent nos cohortes

De libres travailleurs ?

Frayer de leurs mains fortes

La route aux temps meilleurs.

VI. L'armée attend en ligne,

Mur aux créneaux d'acier.

Les chefs ont pour consigne :

Ne faire aucun quartier.

VII. Voici l'instant sublime :

Ouvrez vos rangs, soldats !

On vous commande un crime,

Nous vous tendons les bras !

VIII. Victoire, au lieu de mordre

Le peuple en pleine chair,

Sourds aux bourreaux de l'ordre,

Ils ont mis crosse en l'air !

IX. Devant nous, plus d'obstacle :

L'armée a fait son choix,

Elle aide à la débâcle

Du vieil ordre bourgeois.

X. Pour faire la conquête

D'un monde radieux,

Plus rien ne nous arrête

Soyons nos propres dieux !

Paroles de Jacques TURBIN.

LA VIE S'ÉCOULE, LA VIE S'ENFUIT

La vie s'écoule, la vie s'enfuit

Les jours défilent au pas de l'ennui

Parti des rouges, parti des gris

Nos révolutions sont trahies

Le travail tue, le travail paie

Le temps s'achète au supermarché

Le temps payé ne revient plus

La jeunesse meurt de temps perdu

Les yeux faits pour l'amour d'aimer

Sont le reflet d'un monde d'objets.

Sans rêve et sans réalité

Aux images nous sommes condamnés

Les fusillés, les affamés

Viennent vers nous du fond du passé

Rien n'a changé mais tout commence

Et va mûrir dans la violence

Brûlez, repaires de curés,

Nids de marchands, de policiers

Au vent qui sème la tempête

Se récoltent les jours de fête

Les fusils sur nous dirigés

Contre les chefs vont se retourner

Plus de dirigeants, plus d'État

Pour profiter de nos combats

Paroles de Raoul Vaneigem, musique de Francis Lemonnier

REVOLUTION

Refrain :

Révolution ! Pour que la terre

Soit un jour égalitaire !

Révolution ! Pour renverser

Tout ce qui peut nous oppresser !

Révolution ! Pour que les sciences

En paix nous donnent leurs jouissances !

Par la raison et par l'action,

Debout ! Partout, Révolution !

I. Révoltez-vous ! parias des usines,

Revendiquez le fruit de vos travaux.

Emparez vous des outils, des machines,

Comme à la peine, au gain soyez égaux.

C'est par vos bras, vos cerveaux qui fatiguent,

Que le bonheur ici bas se résoud.

Ne criez plus contre ceux qui l'endiguent.

Brisez la digue, il s'étendra partout.

II. Révoltez-vous ! Paysans débonnaires,

Pour cette terre où vous prenez vos biens ;

Ne soyez plus au progrès réfractaires,

Pour vous, pour nous, soyez-en les gardiens.

Défrichez-la de ceux qui l'accaparent,

La terre doit n'être qu'aux travailleurs.

Que les sans-pain du monde s'en emparent ;

A nos efforts unissez vos labeurs.

III. Révoltez-vous ! Les soldatesques masses,

Du chauvinisme abbatez les champions,

Ne soyez plus la désunion des races

Où, dans le sang, crouleront les nations.

Réflechissez qu'en marchant dans les grèves

Vous combattez ceux qui luttent pour vous,

Ne soyez plus victimes de vos glaives,

La crosse en l'air ! Frères, venez à nous !

IV. Révoltez-vous ! Les amantes, les mères,

Ne soyez plus de la chair à plaisir,

N'enfantez plus d'avortons mercenaires,

C'est de l'enfant que dépend l'avenir ;

L'homme n'est pas ici-bas votre maître,

Nul n'a le droit de s'imposer d'ailleurs ;

Libres soyez, mais surtout restez l'être

Qui sait aimer, qui nous rendra meilleurs.

V. Révoltez-vous ! Inconscients crédules,

Quittez la nuit où vous plongent les dieux,

Pour éviter leurs noires tentacules

A nos flambeaux désabusez vos yeux.

La vérité doit vaincre le mensonge,

Dans son grand livre apprenez tour à tour ;

Quand vous saurez, votre néfaste songe

disparaîtra, faisant place à l'amour.

VI. Révoltez-vous ! Enfin, tous ceux qui peinent,

Tous les volés, tous les déshérités,

Unissez-vous pour que les peuples prennent

Les droits, les biens qui leur sont contestés.

Si toujours grands les maîtres vous paraissent,

C'est qu'à genoux vous servez les tyrans,

C'est que la peur et l'erreur vous abaissent,

Relevez-vous, vous serez les plus grands !

Paroles et musique de R. GUERARD.

CEUX D'OVIEDO

I. Par toute la terre

Chaque prolétaire

A frémi d'un immense espoir.

Ceux d'Oviedo d'un splendide élan

Ont réjeté soudain leur carcan,

Ont pris le pouvoir,

Ceux d'Oviedo.

II. Ces durs gars tranquilles

De la mine hostile,

Armés d'explosifs de chantier,

Sous leur baratte en bourgeon noir,

Ont pris d'assaut palais et manoirs.

Héros ouvriers,

Ceux d'Oviedo.

III. A leurs cigarettes,

Allumant la mèche

De leurs grenades de fer blanc,

Pendant des jours ils ont repoussé

Les mercenaires contre eux lancés

Par les gouvernants,

A Oviedo.

IV. Ces sans sou ni maille,

En pleine bataille

Ont protégé les gens, les biens.

Pendant l'horreur de la lutte à mort,

Ils préparaient un plus juste sort :

Les droits et le pain,

Ceux d'Oviedo.

V. Tremblante de haine,

Lâche et inhumaine,

La réaction les écrasa.

Toute une armée à coups de canons,

Fit d'Oviedo un tombeau sans nom.

Partout on trembla,

Pour Oviedo.

VI. L'âpre bourgeoisie,

Malgré ses tueries,

N'aura nul repos désormais,

Le peuple entier a fremis d'horreur,

Le jour approche où, par son ardeur,

Seront bien vengés,

Ceux d'Oviedo.

Paroles de Jean LANCOIS et musique de Paul ARMA.

Cette chanson est à la mémoire de l'insurrection des mineurs des Asturies, sauvagement écrasée en 1934 par la République.

Le général républicain qui fut chargé de la besogne s'appelait FRANCO...

CHANT DES JOURNEES DE MAI

La garde d'assaut marche

Boum badaboum badaboum bam bam

Au central téléphonique

Ay Carmela Ay Carmela

Défi aux prolétaires

Boum badaboum badaboum bam bam

Provocation stalinienne

Ay Carmela Ay Carmela

On ne peut laisser faire

Boum badaboum badaboum bam bam

Le sang coule dans la ville

Ay Carmela Ay Carmela

POUM et FAI et CNT

Boum badaboum badaboum bam bam

Avaient seuls pris Barcelone

Ay Carmela Ay Carmela

La République s'arme

Boum badaboum badaboum bam bam

Mais d'abord contre nous autres

Ay Carmela Ay Carmela

A Valence et à Moscou

Boum badaboum badaboum bam bam

Le même ordre nous condamne

Ay Carmela Ay Carmela

Ils ont juré d'abattre

Boum badaboum badaboum bam bam

L'autonomie ouvrière

Ay Carmela Ay Carmela

Pour la lutte finale

Boum badaboum badaboum bam bam

Que le front d'Aragon vienne

Ay Carmela Ay Carmela

Camarades ministres

Boum badaboum badaboum bam bam

Dernière heure pour comprendre

Ay Carmela Ay Carmela

Honte à ceux qui choisissent

Boum badaboum badaboum bam bam

L'aliénation étatique

Ay Carmela Ay Carmela

1er MAI

I. Copain, regarde les rues :

Les flicards et les roussins

Montrent leurs gueules bourrues

De brutes et d'assassins...

Racaille !

Par ça serais-je abîmé ?

Un premier mai sans flicaille

Ce n'est pas un premier mai...

II. Copain, vois malgré la rousse

Les bourgeois gras et pansus,

Les richards ont eu la frousse

Dès qu'il nous ont aperçus...

Vipères !

Tremblez devant l'opprimé !

Un premier mai sans colère

Ce n'est pas un premier mai...

III. Copain, gare à la faconde

Des grands ténors endormeurs :

La haine seule est féconde,

La haine des affameurs...

Récolte,

Bourgeois, ce que tu as semé !

Un premier mai sans révolte

Ce n'est pas un premier mai...

IV. Copain, pense à la vengeance,

Lorsque nous serons les plus forts

Nous détruirons cette engeance

Aux pieds de ses coffres-forts...

Charogne !

Quand nous t'aurons supprimé,

Nous fêterons sans vergogne,

Bourgeois, notre premier mai !

LE CHANT DES OUVRIERS

Refrain :

Aimons-nous, et quand nous pouvons

Nous unir pour boire à la ronde

Que le canon se taise ou gronde

Buvons ! Buvons ! Buvons !

A l'indépendance du monde !

I. Nous dont la lampe, le matin,

Au clairon du coq se rallume,

Nous tous qu'un salaire incertain

Ramène avant l'aube à l'enclume,

Nous qui, des bras, des pieds, des mains,

De tout notre corps luttons sans cesse,

Sans abriter nos lendemains

Contre le froid de la vieillesse.

II. Nos bras sans relâche tendus,

Aux flots jaloux, au sol avare,

Ravissent leurs trésors perdus,

Ce qui nourrit et ce qui pare :

Perles, diamants et métaux,

Fruits du coteau, grains de la plaine ;

Pauvres moutons, quels bons manteaux

Il se tisse avec notre laine !

III. Quel fruit tirons-nous des labeurs

Qui courbent nos maigres échines ?

Où vont les flots de nos sueurs ?

Nous ne sommes que des machines.

Nos Babels montent jusqu'au ciel,

La terre nous doit ces merveilles :

Dès qu'elles ont fini le miel,

Le maître chasse les abeilles.

IV. Au fils chétif d'un étranger

Nos femmes tendent leurs mamelles,

Et lui plus tard croit déroger

En daignant s'asseoir auprès d'elles.

De nos jours, le droit du seigneur

Pèse sur nous plus despotique :

Nos filles vendent leur honneur

Aux derniers courtauds de boutique.

V. Mal vêtus, logés dans des trous,

Sous les combles, dans les décombres,

Nous vivons avec les hiboux

Et les larrons amis des ombres.

Cependant notre sang vermeil

Coule impétueux dans nos veines ;

Nous nous plairions au grand soleil

Et sous les rameaux verts des chênes.

VI. A chaque fois que par torrents

Notre sang coule sur le monde,

C'est toujours pour quelque tyran

Que cette rosée est féconde.

Ménageons-le dorénavant,

L'amour est plus fort que la guerre ;

En attendant qu'un meilleur vent

Souffle du ciel ou de la terre.

L'EXPULSION

I. On n'en finira donc jamais

Avec tous ces nom de dieu d'princes !

Faudrait qu'on les expulserait

Et l'sang du peuple il crie vingince !

Pourquoi qu'ils ont des trains royaux,

Qu'ils éclaboussent avec leur lusque

Les conseillers ménicipaux

Qui peut pas s'payer des bell' frusques ?

II. D'abord les d'Orléans, pourquoi

Qu'il marie pas ses fill' en France,

Avec un bon vieux zigue comm' moi

Au lieu du citoyen Bragance ?

C'est-il ça d'la fraternité ?

C'est-il ça d'la délicatesse ?

On leur donn' l'hospitalité,

Qu'ils nous foutent au moins leurs gonzesses !

III. Bragance, on l'connaît c't' oiseau-là.

Faut-il qu'son orgueil soy' profonde

Pour s'êt' foutu un nom comm' ça !

Peut donc pas s'app'ler comm' tout l'monde ?

Pourquoi qu'il nage dans les millions

Quand nous aut' nous sons dans la dèche ?

Faut qu'on l'expulse aussi... Mais non,

Il est en Espagne, y a pas mèche !

IV. Ensuit' y a les Napoléon,

Des muff' qu'a toujours la colique

Et qui fait dans ses pantalons

Pour embêter la République !

Plonplon ! Si tu réclam' encore,

On va t' fair' passer la frontière.

Faut pas non plus rater Victor,

Il est plus cannaill' que son père !

V. Moi j'vas vous dire la vérité :

Les princ' il est capitalisse

Et l' travailleur est exploité,

C'est ça la mort du socialisse.

VI. Les princes c'est pas tout : Plus d' curés,

Plus d' gendarmes, plus d' mélétaires,

Plus d' richards à lambris dorés

Qui boit la sueur du prolétaire.

Ah ! Si l'on écoutait Basly,

On confisquerait leur galette,

Avec quoi qu' l'anarchisse aussi

Il pourrait s'flanquer des noces chouettes !

Qu'on expulse aussi Léon Say,

Pour que l' mineur il s'affranchisse.

Enfin, qu' tout l'monde soye expulsé :

Il rest'ra plus qu' les anarchisses !

Paroles de Mac Nab. Musique de Camille BARON.

LA REVOLTE

Refrain :

Eglise, parlement, capitalisme et la magistrature,

Patrons et gouvernants, libérons-nous de cette pourriture,

Pressant est notre appel, donnons l'assaut au monde autoritaire,

Et d'un coeur fraternel, nous réaliserons l'idéal libertaire.

I. Nous sommes les persécutés

De tous les temps et de toutes les races

Toujours nous fûmes exploités

Par les tyrans et les rapaces

Mais nous ne voulons plus fléchir

Sous le joug qui courba nos pères

Car nous voulons nous affranchir

De ce qui cause nos misères.

II. Ouvriers ou bien paysans

Travailleurs de la terre ou de l'usine

Nous sommes dès nos jeunes ans

Réduis au labeur qui nous mine.

D'un bout du monde à l'autre bout

C'est nous qui créons l'abondance

C'est nous tous qui produisons tout

Et qui vivons dans l'indigence.

III. L'Etat nous écrase d'impôts

Il faut payer ses juges et sa flicaille

Et si nous protestons trop haut

Au nom de l'ordre on nous mitraille

Les maîtres ont changé cent fois

C'est le jeu de la politique

Quels que soient ceux qui font les lois

C'est bien toujours la même clique.

IV. pour défendre les intérêts

Des flibustiers de la grande industrie

On nous ordonne d'être prêts

A mourir pour notre patrie

Nous ne possédons rien de rien

Nous avons horreur de la guerre

Voleurs, défendez votre bien

Ce n'est pas à nous de le faire.

Chanson de Sébastien FAURE.

MILITARISME

"Détruis le chien de garde et tu vaincras le maître"

Il nous faut en finir de ce militarisme,

Esclavage imposé, source de crétinisme.

La caserne est le lieu le plus contaminé

Que pour le bien de tous il faut exterminer.

C'est l'immense foyer de la tuberculose,

C'est l'air avarié de quelque maison close,

Depuis le cavalier jusques au fantassin,

C'est la transformation de l'homme en assassin.

Il nous faut en finir de ces traîneurs de sabres,

De ces larbins d'état aux visages macabres,

Galonnés abrutis qui font moralité

De l'acte méprisant de domesticité.

Obéir c'est laisser douter que l'on est homme

Obéir, c'est renier son droit d'Etre Autonome

Obéir c'est se taire ou répondre en bavant,

Obéir c'est enfin n'être pas un vivant.

Soldats, pour nous sauver de tous les parasites

Il vous faut incendier ces casernes maudites,

Ces sources de laquais, de flics et de mouchards,

Ce dépotoir humain qu'engendrent les soudards.

Partout rassemblement! Artilleurs à vos pièces!

Debout! Marins debout! L'oeil sur vos forteresses:

Braquez!.. Chargez!.. Pointez!.. sans crainte de méchefs,

Les gueules des canons sur celles de vos chefs.

Le culte du drapeau regorge d'impostures,

La loque nationale est dignes des ordures,

Oublions qu'en un temps, des torchons de couleurs

Traînés sur notre globe ont divisé les coeurs.

Du moindre préjugé que chacun se libère,

Discutons froidement, sans haine, sans colère.

Soldats! un geste, un seul, peut nous sauver c'est clair,

Mais il dépend de vous: Soldats!... La crosse en l'air!

CHARLES D'AVRAY

NI DIEU NI MAITRE

Nous ne voulons ni dieu ni maître

Entravant notre liberté,

Mais nous voulons voir apparaître

Le soleil de l'égalité.

Pendant que le peuple sommeille,

Le canon vient de retentir,

Mais l'insurgé se réveille

Et sa bombe est prête à partir.

Refrain :

Debout, frères de misère !

Debout et plus de frontières !

Révoltons-nous

contre les affameurs !

Pour écraser la bourgeoisie,

Et supprimer la tyrannie,

Il faut avoir du cœur,

Il faut avoir du cœur,

De l'énergie !

Ceux qui possèdent la richesse,

En ce monde pour nous fatal,

Ont seuls le droit à la paresse

En détournant le capital.

Grâce à la valeur monétaire,

Le travail se voit accablé,

Lève-toi donc prolétaire,

Et reprends ce qu'on t'a volé !

Pour les vampires de la patrie,

Nous sacrifions notre bonheur.

Propageant cette idolâtrie,

Ils voudraient pourrir notre cœur.

Serons-nous toujours les victimes

Des dirigeants, des vils coquins ?

Non, non. Arrêtons tous ces crimes

Par la mort des chefs assassins !

Allons debout Jacques Bonhomme,

Lève ton front plein de sueur ;

A toi, qui fus bête de somme,

A toi le prix de ton labeur !

Vieux révolté que rien n'effraie,

Pour te faire un sort plus heureux,

De tes champs arrache l'ivraie

Fauche les épis orgueilleux !

A bas les revenants de Coblence,

Les Pandores, les Prétoriens !

A bas cette criminelle engeance

De fusilleurs de Flamidiens !

Sur tous les fauteurs de carnage,

Frappe encore,

frappe, justicier ;

Car seul finira l'ouvrage

Un 93 ouvrier !

LA CHANSON DE CRAONNE

I. Quand au bout de huit jours,

le repos terminé

on va reprendre les tranchées,

notre place est si utile

que sans nous on prend la ville.

Mais c'est bien fini, on en a assez

personne ne veut plus marcher !

Et le cœur bien gros

comme dans un sanglot

on dit adieu aux civ'lots...

Même sans tambour,

même sans trompette

On s'en va là-haut en baissant la tête.

Refrain : Adieu la vie

Adieu l'amour

Adieu toutes les femmes

C'est pas fini

C'est pour toujours

De cette guerre infâme

C'est à Craonne sur le plateau

Qu'on doit laisser not' peau

Car nous sommes tous condamnés

C'est nous les sacrifiés !

II. Huit jours de tranchées,

huit jours de souffrance,

pourtant on a l'espérance

que ce soir viendra la relève

que nous attendons sans trêve.

Soudain, dans la nuit et dans le silence,

on voit quelqu'un qui s'avance :

c'est un officier

de chasseurs à pied

qui vient pour nous remplacer.

Doucement, dans l'ombre,

sous la pluie qui tombe,

les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

III. C'est malheureux de voir

sur les grands boulevards

tous ces gros qui font leur foire ;

si, pour eux, la vie est rose,

pour nous, c'est pas la mêm' chose...

Au lieu de s' cacher,

tous ces embusqués

feraient mieux d' monter

aux tranchées

pour défendre leurs biens,

car nous n'avons rien,

nous autres, les pauv' purotins...

Tous les camarades sont enterrés là,

pour défendre les biens

de ces messieurs-là.

Ceux qu'ont le pognon,

ceux-là r'viendront,

car c'est pour eux qu'on crève...

Mais c'est fini, car les trouffions

vont tous se mettre en grève !

Ce s'ra votre tour,

messieurs les gros,

De monter sur l' plateau,

Car si vous voulez la guerre,

Payez-la de votre peau !

Chanson d'auteur anonyme

et ayant circulé en 1917.

Elle se chante sur l'air de "Bonsoir M'amour" (SABLON).

DYNAMITE

Trop de sueur a coulé, trop de gens y sont restés.

A la place du mois de labeur, oui je préfère méditer,

oui j'aimerais chômer, je préfèrerais chômer.

Puisque l'heure tourne mieux vaut en profiter,

puisque l'heure tourne pourquoi pas en profiter ?

Moi aussi moi aussi je veux un boulot pourri,

payé des prunes je le veux aussi.

Parce que moi aussi moi aussi,

je veux aller m'entasser

sur la côte d'Azur au moins une fois chaque année.

Emancipation rime avec révolution,

vivre autrement c'est une obligation.

Mais où sont les solutions ? Où sont les solutions ?

Passer à l'action !

Trop de gens à mon sens perdent leur temps,

trop de gens pensent encore trop comme avant.

On nous a collé la télé histoire de nous calmer,

plus la peine de rêver, plus la force de s'échapper.

Moi aussi moi aussi je veux un boulot pourri,

payé des prunes je le veux aussi.

Parce que moi aussi moi aussi,

je veux aller m'entasser

sur la côte d'Azur au moins une fois chaque année.

Moi aussi moi aussi, je veux un boulot pourri,

hier dans l'usine aujourd'hui encore tu trimes.

Hier le coup de grisou ,

maintenant le doigt dans la machine.

L'évolution est peut-être indispensable,

elle arrange du beau monde, ça pour eux elle est rentable !

W5 !

MINEURS EN DANGER

Les enfants naissent à l'aube

Et se suicident en juin

Paniqués par l'échec scolaire

Certains se pendent

Ils repartent sans un mot

L'arme du père à l'épaule

Mitrailler la salle des profs

Comme un dernier coup de force

On leur apprend à haïr

Ou à trop bien réfléchir

Ce sont les mineurs en danger

Ils galèrent dans le quartier

Et la dope vient à eux

Alors ils se laissent piéger

L'accoutumance leur ferme les yeux

Ils ne sont pas vigilants

Et ils n'ont plus d'argent

Mais putain faites attention

A la prostitution

Le braquage devient leur loi

Ils feraient n'importe quoi

Ils dealent et marchent au poison

Et puis quand arrive Noël

Et toute cette débauche de fric

Ils n'ont le choix que de se faire

Une O.D entre deux flics

Ils ne connaissent pas la Chine

Ni le mouvement de la jeunesse

Mais ils prennent de la mort fine

Et ils se foutent bien du reste

Écoutez jeunesse de France

Soyez unis pour gagner

L'avenir c'est pas la violence

Mais la solidarité

Ecoutez jeunesse démente

Soyez unis pour gagner

L'avenir c'est pas la violence

Mais la solidarité !!

BERURIERS NOIRS

Lettre de Nicolas Sacco à son fils

" Charlestown, 18 Août 1927,

Mon fils, mon compagnon,

Je veux t'écrire avant que nous partions

A la Maison de la mort car le 22, après minuit,

Vers la chaise électrique on nous poussera…

Pourtant, me voici empli d'amour

Et cœur ouvert, aujourd'hui comme hier.

Si j'ai cessé la grève de la faim, l'autre jour,

C'est parce que la vie s'en allait de moi…

Hier, par cette grève, je parlais fort…

Je proteste encore au nom de la vie, contre la mort.

Trop de larmes inutiles ont coulé,

Comme celle de ta mère,

Pour rien, pendant sept ans; alors ne pleure pas,

Sois fort et tu pourras la réconforter…

Et si tu voulais lui faire oublier

Sa solitude sans colère,

Emmène-là marcher, longtemps,

Dans la campagne…

Et à l'ombre des bois fais-là reposer…

Écoutez la musique du ruisseau qui murmure

Et la paix tranquille de la Nature…

Dans ta course vers le bonheur,

Arrête-toi, mon fils, cherche l'horizon :

Aide les faibles, les victimes et les persécutés,

Car toujours ils seront tes meilleurs amis.

Comme ton père et Bartolo, ils luttent

Et tombent pour tous et pour la liberté…

Au combat de la vie, tu trouveras l'amour

Et tu seras aimé : c'est ton droit aussi…

Faites comprendre au monde

Que rien n'est terminé :

On ne peut tuer nos corps,

Mais jamais nos idées.

C'est tout le Massachusetts

Qui portera dans l'avenir la honte de ce temps.

Qu'une école remplace enfin cette maison,

Que des rires d'enfants effacent les prisons.

N'oublie pas de m'aimer un peu

Comme je t'aime, oh petit homme ;

J'espère que ta mère t'aidera à comprendre

Ces mots que je te donne… Adieu mon garçon.

Je t'envoie le salut de Bartolo.

Ton père et ton camarade,

Nicola Sacco "

Bartolomeo Vanzetti & Nicolas Sacco, anarchistes italiens vivant aux Etats-Unis, victimes d'une conspiration politico-judiciaire. Arrêtés en mai 1920, sous l'accusation d'assassinat de 2 employés de banque, malgré des alibis incontournables et les témoignages à décharge les innocentant, ils seront condamnés à mort en 1921 et attendront leur exécution en multipliant démarches et demandes de révision du procés. Cette lettre de Sacco touche par son humanité et sa vision étonnamment positive de la réalité, quatre jours avant de disparaître…

ZOMBIES

Armées de zombies au boulot

A la chaîne ou dans les bureaux

Transformés en esclaves passifs

Têtes-légumes sur tubes digestifs

C'est ça le miracle du capital

On te donne de la merde et tu l'avales

Tu crèveras en comptant tes points-retraites

Sinistre existence honnête.

Hordes de zombies au magasin

Le client est souverain

Mon mode de vie est un uniforme

On me le suggère, je me conforme

Prends un peu plus de marchandises

Offre spéciale, super remise !

Dépenses ce que te jette ton patron

Achète ce qu'il met en rayon

Famille de zombies à la maison

Maman-cuisine, papa-salon

Et ça nous chie de la progéniture

Eduquée pour son rôle futur

Consomme ton mariage sans états d'âme

Amortis le ventre de ta femme

Consommer et se reproduire

Le marché doit toujours s'agrandir

On appelle ça la civilisation

Travail, famille, consommation

La mort succède à la survie

Nous vivons dans un monde de zombies.

KOCHISE

DEMOCRATIE

La démocratie on a bien failli y croire

C'est mauvais de marcher contre le " sens de l'histoire "

A coups de matraques, à coup de résignation

Tous les moyens sont bons pour forcer la soumission

Des ultra-libéraux aux sociaux-démocrates

Le pouvoir reste aux mains des même bureaucrates

Il nous feront trimer ou nous jettent une obole

Mais en réalité c'est la vie qu'il nous vole.

Travailler, réussir, par n'importe quel moyen

Ceux qui s'y essayent ne vont jamais très loin

Préparer un diplôme ou gratter un millionnaire

Pour un ou deux qui s'en sort, y en a combien derrière ?

100% des perdants ont tenté leur chance

mais ceux qui ont le pouvoir l'ont à la naissance.

Dans ce système cynique n'attends rien de leur " droit "

Parce qu'ils ont le fric et qu'ils font les lois.

Démocratie-très peu pour moi !

Mon pouvoir ne se délègue pas

Ils offrent des droits accessibles

Dans la limite des stocks disponibles

Viennent les élections, l'illusion de choisir

Cautionnant un système qui nous force à subir

Sois attentif aux chiffres de la participation

Ils révèlent le niveau de notre soumission.

Et pendant qu'ils décident, pendant qu'ils légifèrent,

Forts du pouvoir abdiqué par le reste de nos congénères,

La liberté promise par le mythe démocratique

Tu peux la mesurer entre deux rangs de flics.

Ils nous traitent d'extrémistes, ils nous traitent de menteurs,

Ils peuvent même nous prouver qu'il y a pire ailleurs.

C'est vrai ! mais d'où cela vient-il ?

Qui profitent des famines et des ventes de missiles ?

Démocratie ici, aux autres les dictatures

A les écouter, c'est une question de culture.

Pour agrandir leurs marchés, maintenir notre train de vie,

Ils assassinent là-bas ce qu'il prêche ici.

KOCHISE