Louise Michel, une grande figure de l'anarchisme,
Ni vierge, Ni rouge !
Avant d'examiner de plus près le cheminement de cette militante révolutionnaire, ouvrons une parenthése qui mettra à bas le mythe " petite soeur des pauvres " impose par des historiens étudiant le passé par le bout de la lorgnette des préjugés.
A l'opposé des commentateurs de radio, des représentant de la bourgeoisie, nous nous tefusons à passer au crible la vie d'une révolutionnaire... sous prétexte que c'est justement parce qu'elle milite que cela se fait ! Eve Ruggieri, Alain Decaux et consorts se préoccupent-ils des amours de Vallès, des rages de dents de Kropotkine ou de la coupe de cheveux de Pouget ?
Déjà, au cours de son existence, Louise Michel dut faire face aux mesquineries et calomnies propagées par la presse bourgeoise et la préfecture, qui n'avaient pour but que de dévaloriser aux regards de la population sa démarche révolutionnaire, tout comme d'ailleura furent dévoyées, en leur temps, les activités de militantes ou ouvrières (les Pétroleuses, les miliciennes...).
A l'instar de ses prédécesseurs, le monde culturel bourgeois actuel ne retient des activités et écrits de Louise Michel que les anecdotes amoureuses, de "charité chrétienne", ses menées de type "pétroleuse"..., en défigurant ainsi la vie d'une militante révolutionnaire.
La Commune de Paris où les femmes jouèrent un rôle prédominant, la verra combattre sur les barricades, dans son uniformes de garde national, participer activement au comité de vigilance du 18è arrondissement, organiser les sections d'ambulancières ou les coopératives de quartier. Après un procès retentissant et un emprisonnement en Nouvelle-Calédonie qui lui permet, au contact de Nathalie Lemel (ouvrière, adhérente à la Première Internationale) et de Charles Malato, d'approfondir se pensée, Louise Michel revient en France en anarchiste confirmée et décidée à propager ses théories ; ce qu'elle fera jusqu'à sa mort, survenue à Marseille au couru d'une toumée de conférences.
Se vouant à des causes plus spécifiques, elle animera des cercles féministes, athée, créera des organismes d'aide aux prisoniers. Dans une période où travailler à l'émancipation des travailleurs, revenait à encourir les foudres du pouvoir, Louise Michel s'assiéra souvent sur le banc des accusés et se " reposera, comme elle le disait, dans les geôles des républicains ". Nous, militants anarchistes, tirons d'autres leçons du passé et des expériences du mouvement ouvrier.
Louise Michel laissera une empreinte différente que celle de ses compagnons de lutte (Pierre Kropotkine, Emile Pouget, Sébastien Faure) dans le mouvement libertaire. Représentante quasi exacte du propagandiste infatigable qui diffuse les propositions anarchistes, renfloue les caisses de groupes, elle sera un des piliers du mouvement anarchiste du siècle demier. Utilisant autant la parole que l'écrit, oratrice remarquable, participant à la rédaction des joumaux anarchistes, aux réunions et congrès internationaux, nous la verrons tantôt haranguer les publics de meetings populaires, puis affronter ceux de Versailles aux lendemains de la Commune ou ceux de Londres et Bruxelles.
Il faut pourtant un facteur primordial qui a joué dans sa populairlé et que trop souvent les révolutionnaires oublient, Louise Michel est la première femme anarchiste qui sera représentative du mouvement révolutionnaire. Sa tenacité, son courage n'y sont pas étrangers. Héritière du courant unitaire du socialisme communard, imprégnée par le fédéralisme proudhonien et le blanquisme, elle ne côtoiera pas que les seuls anarchistes, mais participera également aux activités de socialistes parlementaristes, tels Rochefort et Clémenceau, des groupes féministes électoralistes, des guesdistes, les milieux littéraires, etc.
Partout où il fallait se battre même si, par certains côtés, cette lutte demeure spécifique, Louise Michel menait ses talents au service des opprimés et y intégrait ses propositions propres sur les phénomènes sociaux (le syndicalisme, la grève, les colonies...). Et le peuple l'a bien compris comme tel, car l'enterrement de Louise Michel représente un des demiers rassemblements de masse, unifiant pour un temps anarchistes, marxistes et réformistes.
Si nous saluons, à l'occasion de cet anniversaire, les talents et le parcours militants d'une anarchiste, nous saluons également par cet intermédiaire les hommes et les femmes qui luttèrent pour l'émancipation de la classe ouvrière et que l'histoire, autant officielle que révolutionnaire, jette aux oubliettes trop facilement. Car l'héritage que nous laissent les théoriciens révolutionnaires, n'est rien, sans ces propagandistes anonymes, véritables piliers du mouvement ouvrier, construisant les organisations de masse et les organisations spécifiques.
Thyde Rosell