De l’intérêt d’apprécier à leur juste valeur
les idées primitivistes
Le texte de Lawrence Jarach “ Pourquoi les primitivistes me rendent nerveux ”, est paru dans le numéro 52 de la revue “ Anarchy ”, au printemps 2002. Si je l’ai traduit, ce n’est pas seulement pour faire connaître en France des polémiques d’outre-Atlantique, voire d’outre-Manche. Des tendances primitivistes existent en Europe continentale, y compris en France, quoique de façon plus réduite. Leur principale caractéristique, c’est de rejeter les côtés industriels du capitalisme et de chercher, dans les formes de société qui lui sont antérieures, des modèles plus ou moins idéalisés à lui opposer. Le malheur, c’est que, comme l’affirme à juste titre Lawrence Jarach, la recherche de modèles conduit toujours à la formation de nouvelles idéologies, ici l’idéologie primitiviste, et que l’opposition à l’industrialisation n’est pas le monopole de la critique révolutionnaire du monde. Par suite, derrière le même terme, on rencontre à côté de révolutionnaires, aux Etats-Unis et ailleurs, des réactionnaires, des fascistes même, qui ne sont pas hostiles, loin de là, à l’exploitation et à la domination en général, mais plutôt à ce qu’elles impliquent aujourd’hui : la globalisation du marché et le recul des prérogatives des Etats-nations. Là réside, pour nous, l’intérêt de l’analyse de Lawrence Jarach, au-delà des particularités du primitivisme anglo-saxon. En France et en Belgique, on a vu surgir ces dernières années des personnages et des publications équivoques, comme le milliardaire Teddy Goldsmith, éditeur de l’Ecologiste, version française de The Ecologist. Dans la doctrine de Goldsmith, on retrouve les ingrédients de base du primitivisme autoritaire, à connotation écofasciste, tel que l’analyse Lawrence Jarach : pour faire face aux crises, aux génocides, aux catastrophes, bref à la “ démission ” de l’Etat providence en matière de sécurité planétaire, le gourou propose le parcage des “ ethnies ” dans les limites de leurs prétendus écosystèmes respectifs, le retour aux formes de hiérarchie patriarcales préindustrielles, des corporations moyenâgeuses en Europe au système des castes en Inde, etc. Le tout sur fond de panthéisme à prétention scientiste : l’hypothèse Gaïa, selon laquelle la Terre est l’être suprême dont nous avons, vu notre tendance au désordre, perturbé l’ordre immuable et répétitif. Rien d’étonnant que les éditeurs de l’Ecologiste organisent des colloques avec les idéologues de la Nouvelle Droite en Europe, y compris en France. Il est par contre étrange que, lorsque l’Ecologiste a effectué son OPA en direction des opposants à l’industrie des biotechnologies, en France et en Belgique, bon nombre d’entre eux, même parmi les plus résolus, aient accepté de rencontrer des membres de la revue et d’y collaborer, et les aient même invités à des réunions a priori réservées à des radicaux. Toutes choses qui montrent les limites de telles oppositions. Pour le moins… Pour sortir du bourbier de l’idéologie primitiviste et des compromissions qu’elle implique avec les partisans de l’autorité, Lawrence Jarach conseille aux anarcho-primitivistes de développer leurs propres critiques au-delà de la simple hostilité à l’industrialisation. Le même conseil vaut pour pas mal d’opposants en France et en Belgique. Reste à savoir s’ils sont prêts à faire de tels pas…
André Dréan
Adresse e-mail : nuee@club-internet.fr
Mars 2004
Pourquoi les primitivistes me rendent nerveux
“ L’anarcho-primitivisme s’oppose à la civilisation, le milieu au sein duquel les diverses formes d’oppression prolifèrent, deviennent envahissantes et finissent par dominer. Notre objectif est d’effectuer la synthèse entre les aspects anti-autoritaires, non-étatistes et respectueux de la nature des modes de vie primitifs et les formes les plus avancées de l’analyse anarchiste des relations de pouvoir. Non pas dans le but de reproduire la vie primitive ou d’y retourner, mais simplement pour la saisir comme l’une de nos sources d’inspiration, comme l’une des formes que l’anarchie peut prendre en exemple. ”
John Moore, imprimeur primitiviste
En présentant sa vision d’un monde débarrassé de la politique hiérarchique et de la domination technologique sur la vie humaine et non humaine, l’anarcho-primitivisme a beaucoup contribué au discours anti-autoritaire. Ce qui en fait la valeur, en termes d’analyse, c’est que, pour lui, presque aucun aspect de la société humaine ne doit échapper à l’examen critique ; des assises de l’agriculture et de la production de masse jusqu’aux relations qu’elles entretiennent avec les formes institutionnalisées de hiérarchie et de domination, peu de choses doivent être admises comme des faits indiscutables. Là où les anarchistes ont traditionnellement critiqué les manifestations de la pensée hiérarchique et des relations sociales autoritaires, les anarcho-primitivistes attaquent ce qui se cache derrière elles.
Les anarcho-primitivistes montent facilement en épingle les modes de vie humains avant l’avènement de l’agriculture, c’est-à-dire, à 99 %, la période de la suprématie de la chasse, de la cueillette et de l’entente sociale. Ces modes de vie originels, caractérisés par l’absence de formes institutionnalisées de pouvoir, montrent que des choses radicalement différentes du système actuel – le capitalisme industriel transnational et les formes de domination politique qui l’accompagnent – c’est-à-dire au fond des modes de coopération anarchiste, sont non seulement possibles, mais aussi susceptibles d’être stables et de donner des résultats intéressants. Plus, l’existence et la permanence de tels modes de vie montrent que le développement de systèmes économiques et politiques hiérarchiques et prédateurs n’est ni nécessaire, ni inévitable.
Dans les tendances communiste, syndicaliste, individualiste, féministe… on peut rencontrer des anarchistes qui y adhèrent à des degrés divers. Mais si l’anarchisme n’en constitue pas le noyau, de telles idéologies sont simplement des variations sur le thème de l’étatisme et de l’autoritarisme. Le primitivisme n’est pas différent. La critique et le rejet du capitalisme industriel et de la civilisation technologique dominante ne sont pas le monopole des penseurs et des activistes anti-autoritaires. Certaines personnes attirées par le primitivisme sont des misanthropes et des partisans d’autres formes de domination. Les anarchistes qui veulent montrer plus largement en quoi leurs idées primitivistes sont pertinentes ont eux-mêmes besoin de prendre leurs distances envers de tels objectifs mortifères.
Le primitivisme autoritaire
Les primitivistes autoritaires ne tiennent aucun compte de l’exemple des chasseurs-cueilleurs : pour eux, de telles formes de vie sociale sont peu pertinentes. Ils sont plus intéressés par les vestiges culturels non technologiques d’origine américano-européenne. Bon nombre de “ deep ecologists ” et la première génération de membres de Earth First !, avant la scission avec les hippies réactionnaires, appartiennent à cette catégorie. Ils prennent comme modèles les sociétés villageoises sédentaires des cultivateurs et chasseurs celtes, teutons et nordiques. Que les castes de guerriers et les raids soient partie intégrante de telles structures sociales ne semble pas concerner les primitivistes autoritaires ; ils les considèrent même comme quelque chose d’héroïque. Or, de semblables systèmes prédateurs ont directement conduit à l’établissement de l’ordre féodal en Europe ; il semble que les primitivistes autoritaires désirent ramener à la vie de tels systèmes décentralisés de dépendance sociale et économique, avec eux-mêmes à la tête de leurs propres fiefs. L’abolition de la division du travail et de l’Etat ne les intéresse pas ; leur modèle requiert l’adhésion à la philosophie selon laquelle la force fait le droit.
Cette tendance est caractérisée par l’interprétation mystique de la nature ; le biorégionalisme, l’idée que seules la flore et la faune indigènes appartiennent à leurs écosystèmes d’origine, est appliqué aussi aux êtres humains. Les primitivistes biorégionalistes font la promotion de la prétendue appartenance, naturelle ou biologique, de peuples, de nations, d’ethnies particulières à des aires géographiques tout aussi particulières. La xénophobie populiste et le nationalisme raciste implicites à de telles perspectives ne sont pas difficiles à repérer. Il est aussi facile de voir les similitudes entre le primitivisme autoritaire et l’idéologie nazi de la “ communauté nationale ” et “ du sang et du sol ”. Cela ne signifie pas que tous les primitivistes sont des crypto-fascistes, mais que de nombreuses caractéristiques du primitivisme autoritaire recoupent en partie des thèmes du national-socialisme.
Le primitivisme autoritaire est aussi caractérisé par la publicité faite autour de l’idée selon laquelle il y a trop de gens dans le monde relativement à la masse des ressources disponibles. Il postule que cette perspective est basée sur des analyses scientifiques. L’élévation de la science au statut d’idéologie (non pas sous la forme de l’empirisme, mais à partir de la croyance que la science est quelque chose de neutre et d’objectif, pure méthode pour arriver à la vérité) conduit à laisser les questions les plus importantes de côté. Or, d’autres hypothèses, bien plus critiques, nous amènent à affirmer que les sciences, pas plus que n’importe quelle connaissance, ne sont séparables, comme formes, de l’usage qui en est fait. Le champ de la biologie n’y fait pas exception. Le biologisme, c’est-à-dire la croyance dans l’exactitude de la science biologique américano-européenne, joue un rôle essentiel dans les plus affreuses manifestations du primitivisme autoritaire et vulgaire. Si l’hypothèse selon laquelle les multitudes d’individus traditionnellement dépossédés constituent des menaces potentielles pour les possédants est vraie, alors toute interprétation basée sur le déterminisme biologique fournit les arguments nécessaires au maintien de la dépossession.
Le mantra “ trop de bouches à nourrir ” est aussi vieux que faux. La recherche biologique n’a rien à dire sur la destruction délibérée de tonnes de céréales pour assurer le maximum de bénéfices, sur la dilapidation de l’eau et la destruction des cultures vivrières pour maintenir en vie l’industrie agroalimentaire et sur les subventions gouvernementales en faveur de l’industrie laitière ; tout cela relève de la politique et de l’économie politique. Mais elle a quelque chose à voir avec les manipulations génétiques des céréales, supposées permettre aux multitudes d’échapper à la famine, mais qui sont utilisées pour accroître au maximum les bénéfices des propriétaires des brevets relatifs aux produits alimentaires trafiqués à la mode du docteur Frankenstein. En clair, la biologie n’est pas ce moyen neutre pour examiner la vie que l’on nous présente. Pourtant, les primitivistes autoritaires se raccrochent aux plus réactionnaires affirmations des biologistes néo-malthusiens comme si elles constituaient les seules interprétations possibles du monde. Nous sommes bombardés par des notions aussi impressionnantes que celle de “ capacité de charge des écosystèmes ” sans même que l’on examine ce qui a été “ chargé ”. Or, ce n’est pas la masse brute de la population humaine ou non humaine qui pèse sur tel ou tel écosystème donné ; c’est, bien entendu, l’organisation actuelle du capitalisme industriel et les profits de ses bénéficiaires.
Le primitivisme vulgaire
Le primitivisme vulgaire peut être caractérisé principalement par l’idéalisation romantique des modes de vie originels. Du côté de ce type de primitivisme, nous rencontrons la glorification, sans le moindre discernement, des chasseurs-cueilleurs, considérés comme des êtres humains pacifiques et épris d’égalitarisme, vivant sans aucune division du travail, en harmonie totale avec eux-mêmes et avec leurs environnements. Au sein de tels modes de vie, il n’y a pas d’Etat jouant le rôle de protecteur, les lieux où le pouvoir est exercé sont rarement institutionnalisés et presque toujours distribués de façon horizontale. Mais il y a d’autres types de sociétés qui partagent les mêmes caractéristiques. Ainsi, il existe des éleveurs qui possèdent des animaux domestiques, qui sont investis dans des formes d’agriculture de subsistance peu importantes et qui n’ont pas non plus institutionnalisé les structures de pouvoir. De tels modes de vie sont certainement dignes d’être étudiés pour les mêmes raisons que ceux des chasseurs-cueilleurs. Mais les primitivistes vulgaires montrent peu d’intérêt pour les éleveurs et les cultivateurs en général. C’est faire usage de façon sélective (certains disent de façon manipulatrice) des textes des anthropologues.
L’accusation portée contre les primitivistes selon laquelle ils veulent “ retourner à l’âge de pierre ” est surtout applicable aux primitivistes vulgaires. Certains d’entre eux proclament fièrement qu’ils veulent réellement vivre ainsi, si nous en croyons la presse anarchiste concernée. Les plus sérieux penseurs du primitivisme que je connaisse, et ceux que j’essaie de lire, préconisent plutôt de vivre simplement, de façon non industrielle, avec le minimum d’impact sur l’environnement ; la permaculture les intéresse, de même que les WC organiques, les produits alimentaires biologiques, l’autosuffisance et, de façon générale, la vie frugale et l’autonomie envers les réseaux centralisés de production et de distribution d’énergie. Le niveau technique de telles formes de vie sociale devrait ressembler beaucoup à celui des régions rurales, à la veille de la révolution industrielle, combinées avec celles propres aux tendances de “ retour à la terre ”, apparues en Amérique du Nord au cours du XX° siècle. Les outils et les méthodes de production recensent et incluent ceux du XVI° siècle et même ceux des premières décennies du XIX° siècle sont appropriés à ce genre de vie. Ce modèle s’accorde bien aussi avec le principe des petites communautés locales associées sous forme de réseau ou de fédération selon le modèle anarchiste (mais pas seulement anarchiste).
Les primitivistes vulgaires se raccrochent aussi au biologisme. On peut le voir dans bon nombre de leurs discours sur la surpopulation. L’accusation, issue des milieux anti-primitivistes, selon laquelle ils font la promotion de “ génocides ” joue ici son rôle, et la plupart des primitivistes vulgaires éprouvent de la répugnance à y répondre, apparemment parce qu’ils ne pensent pas que de telles choses soient condamnables. La misanthropie inhérente de telles perspectives va à l’encontre de l’anti-autoritarisme. Elle conduit très facilement à l’autoritarisme, en théorie comme en pratique : si les gens en général sont par essence stupides et destructeurs, il y aurait alors peut-être des raisons pour mettre à leur tête des leaders éclairés, chargés de les surveiller et de les empêcher de détruire leur environnement aussi bien qu’eux-mêmes. Ce genre d’idées est l’un des mensonges fondamentaux de l’autoritarisme. De plus, la contradiction entre cette généralisation abusive de type misanthropique et le primitivisme est criante : comment les primitivismes vulgaires peuvent-ils justifier de telles attitudes implacablement destructrices tout en affirmant que les êtres humains, pendant des centaines et des milliers d’années, ont vécu sans détruire leur environnement et eux-mêmes ?
Ceux qui sont les plus directement impliqués dans la destruction galopante du monde naturel, ce sont les scientifiques qui manipulent les structures génétiques, les capitalistes qui en profitent et les idéologues qui les justifient. Les possédants constituent, et ont toujours constitué, des minorités. Même si la majorité des habitants du Nord tirent bénéfice de la poursuite de ce système de destruction, la responsabilité essentielle doit être placée où il se doit, du côté de ceux qui gèrent et maintiennent le système en état de fonctionner. Les primitivistes se discréditent eux-mêmes quand ils condamnent “ l’humanité ” en bloc, comme si nous étions par essence des fléaux pour la nature. Cette attitude détourne l’attention générale des véritables coupables.
Les primitivistes vulgaires ont pris les accusations assénées par les anti-primitivistes comme autant de compliments. Par suite, ils font la promotion de l’idée réactionnaire selon laquelle il y a trop de bouches à nourrir et admettent que la critique de la technologie industrielle signifie nécessairement le retour aux conditions de vie du paléolithique. Ces attitudes constituent autant de réflexes pavloviens “ anti-anti-primitivistes ” associés à l’incapacité presque totale à développer des pensées critiques autonomes. De même, elles reflètent l’incapacité des primitivistes à tracer leur propre chemin, en particulier par l’intermédiaire de discussions cohérentes pour définir ce que signifie en réalité rejeter la société technologique.
L’anarcho-primitivisme
Les anarcho-primitivistes désireux d’affiner leurs idées ont besoin de commencer l’examen critique des modes de vie des chasseurs-cueilleurs, interprétées par les diverses variantes de l’ethnographie. Et de montrer dans quelle mesure ils ont a de la valeur, en termes théoriques et pratiques, pour pouvoir vivre sans technologie industrielle, sans capitalisme et sans Etat.
Lorsque l’on joue aussi facilement le rôle de relais de la littérature anthropologique, de nombreuses questions doivent recevoir des réponses précises. Jusqu’à quel point l’ethnographie est-elle basée sur des interprétations (peut-être idéalisées) des anthropologistes réalisant des recherches sur le terrain ? Jusqu’à quel point pouvons-nous nous reconnaître, nous anti-autoritaires, dans l’égalitarisme présumé de ces cultures ? Et dans l’absence tout aussi présumée de violence en leur sein ? Enfin, pouvons-nous reconnaître comme des exemples positifs de structure sociale non étatique et non hiérarchique la division sexuelle du travail et la fragmentation de l’activité en sphères séparées basées sur le genre, l’âge, et les facultés physiques et intellectuelles ?
Que faire si les modes de vie des chasseurs-cueilleurs ne nous fournissent pas de modèles de communautés anarchistes, ces communautés au sein desquelles les véritables anarchistes pensent qu’il est agréable de vivre ? Faut-il rejeter la critique primitiviste s’il y a peu, ou pas, de confiance à accorder aux ethnographes spécialisés dans l’étude des chasseurs-cueilleurs ? Probablement non ; aucun anarcho-primitiviste sérieux ne propose l’adoption de la cueillette, de l’élevage ou de l’horticulture comme panacée universelle. Par contre, nous avons besoin d’examiner de façon critique de tels modes de vie et les divers moyens que les individus ont employés pour exclure et prévenir la formation de structures institutionnalisées d’exploitation et de domination. Combiné avec l’analyse critique anarchiste de l’actuel système capitaliste, technologique et industriel dans le Nord et du régime d’accumulation et d’extraction brutale de richesse dans le Sud, l’anarcho-primitivisme pourrait devenir le carrefour d’analyses cohérentes pour comprendre et combattre la tendance actuelle à la “ globalisation ”.
Pour un anarcho-primitivisme anti-idéologique
De nombreux primitivistes reconnaissent qu’ils sont attirés par l’une, ou plus, des trois tendances que j’ai identifiées dans cet essai. Il est crucial, pour les anarcho-primitivistes, de réfléchir sur leurs propres idées et de critiquer les positions intenables que les divers primitivistes adoptent. Lorsque des primitivistes parlent de l’établissement de relations, basées sur l’instinct et la spiritualité, avec la terre, les plantes et les animaux qui y vivent, les anarcho-primitivistes n’ont nul besoin de donner leur caution à de telles formes de mysticisme propres aux idéologies autoritaires. Lorsque les primitivistes parlent de surpopulation et de “ capacité de charge des écosystèmes ”, les anarcho-primitivistes doivent montrer du doigt la nature réactionnaire du malthusianisme.
De même, lorsque les anti-primitivistes accuse les primitivistes d’être favorables aux génocides de type raciste à travers le monde, les anarcho-primitivistes doivent leur rappeler que les habitants du Sud, pas ou peu industrialisé (ceux que les anti-primitivistes veulent protéger de façon condescendante), subissent les convulsions, temporaires ou permanentes, du capitalisme industriel. Ils possèdent d’ailleurs plus de moyens que d’autres pour survivre à de tels phénomènes de désintégration. En réalité, ce sont ceux qui sont totalement intégrés au capitalisme américano-européen et qui en dépendent qui souffrent le plus quand les rayons des magasins sont vides et que l’électricité est arrêtée.
Des anarcho-primitivistes dignes de ce nom devraient rejeter le scientisme, le biologisme et les thèses sélectives et apologétiques de la recherche anthropologique sur les chasseurs-cueilleurs, de même que la misanthropie réactionnaire qui condamne tous les humains pour la domination et l’exploitation exercées par les riches et les puissants. Plus encore, ils devraient rejeter l’humanisme à fleur de peau propre au libéralisme et au socialisme, et avoir comme objectif la réalisation d’équilibres dynamiques entre les besoins réels des êtres humains et la préservation et l’intégrité du monde naturel.
Désarmer l’autorité et armer vos désirs !
Lawrence Jarach
Anarchy, a journal of desire armed
C.A.L. Press, POB 1446, Columbia , MO 65205-1446, USA
www.anarchymag.org